16 mars 2025

Castor d’Europe

Biodiversité > Mammifères

Castor fiber Linnaeus, 1758

Castor d’Europe – (en) Eurasian Beaver – Famille des Castoridae – syn. – Fibri Gesner, 1550 – Bièvre, Castor d’Eurasie, Castor du Rhône


En République tchèque, des castors à la rescousse pour construire des barrages sur un site naturel protégé (FranceInfo, 12 février 2025) ➚


Il s’agit du plus gros Rongeur d’Europe, d’une longueur d’environ 100 cm dont 30 pour la queue. Il est avec le Castor d’Amérique (Castor canadensis), le seul autre représentant du genre. Le Castor a été victime d’une longue et systématique entreprise humaine d’extermination et l’espèce reste régulièrement l’objet de conflits d’intérêts avec les populations.

©© bysa – Jacel Zięba – Wikimedia Commons

Le nom original de cette espèce est le Bièvre, le mot Castor est en fait dérivé du grec. C’est le Bebros des gaulois, terme aillant donné le nom vernaculaire Bièvre en français, ainsi que « Biber » en Allemand, « Beaver » en anglais. Le provençal « Vibre » vient du latin « Fiber », mot issus de la même racine celte. Quant au nom Castor, il vient du latin emprunté lui-même au grec ancien Κάστωρ (Kástôr). Les sous-espèces du Castor d’Eurasie1 sont assez mal présentées dans les ouvrages récents, probablement au motif d’un important brassage de populations associé à de multiples réintroductions. On a pu proposer Castor fiber galliae Geoffroy, 1803 pour une sous-espèce alors initialement endémique du Bassin du Rhône. C’est alors cette sous-espèce qui est désormais présente en France à mon avis.

Aire relictuelle du Castor (Castor fiber) et zone introduction de Castor canadensis en Europe
©© bysa – Martin Sell – Wikimedia Commons
Le Castor se trouve essentiellement en Europe2, mais déborde par des populations fragmentées jusqu’en Asie centrale et le Lac Baïkal. Quelques populations introduites semblent toujours exister au Canada.
Déclin maximal au début du XXe siècle

Il est en Europe depuis environ 5 millions d’années et on pense que c’est une petite population de Castor d’Eurasie se déplaçant en Amérique qui serait à l’origine de son homologue américain, le Castor canadensis. Il a contribué au façonnement du paysage aquatique depuis fort longtemps. On trouve le Castor d’Eurasie dans de très nombreux gisements sur l’essentiel de la France au cours du quaternaire, tant ancien que récent. Sa présence en Bretagne et en Corse ainsi que dans le cœur du Massif Central ne semble pas toutefois pas confirmée dans les gisements fossiles, y compris au Moyen-Âge. A contrario les Bassins de la Seine et de la Charente, de la Sèvre Niortaise étaient bien colonisés, de même que celui de la Dordogne, assez peu celui de la Garonne. Il n’est déjà plus que dans l’Est du pays principalement dès le XVIe siècle, relégué au Bassin du Rhône entre la Camargue et Pont St Esprit principalement ainsi que localement en Alsace au XVIIIe siècle. Le dernier Castor français en dehors de la Basse Vallée du Rhône, est tué en 1912 vers Dreux dans l’Eure-et-Loir (Deliry 2021).

Planche datant du Moyen Âge

Il a disparu de Grèce à la Préhistoire (Âge du Bronze), éradiqué du Danemark dès le VIe siècle BC, il est au bord de l’extinction en Angleterre avant le XIIe siècle et disparu de l’Ecosse au XVe siècle. S’il n’y avait plus de Castor dans les îles Britanniques, on a envisagé sa réintroduction très récemment (info. 2019) et il est désormais réimplanté. Il n’est plus non plus en Italie en dehors du Bassin du Po bien avant le XIIe siècle.

En France3, si les Bassins du Rhône, de la Loire et du Rhin sont désormais bien recolonisés, il n’en est pas de même pour les autres bassins, où le retour de l’espèce semble conditionné par des réintroductions ou un lente progression naturelle. Au XVIIIe siècle, il est sur le Rhône entre Avignon à Pont St Esprit et non au-delà, mais aussi sur la Cèze et le Gardon (de Marolles 1788). Geoffroy Saint-Hilaire (1888) pense que le Castor est sur le point de disparaître. Il dit en effet, qu’« avant peu d’années ce rongeur industrieux aura complètement disparu de notre pays ». Cette espèce était quasi disparue au début du XXe siècle, il ne restait en France que quelques individus au niveau de la Camargue à cette époque. Il sera alors protégé dans les départements du sud de la France dès 19094/5. Depuis la fin du XXe siècle la tendance est inversée, suite à des programmes de réintroduction6 et selon une expansion naturelle de l’espèce : elle a recolonisé les Bassins du Rhône puis de la Loire en France. C’est sa protection légale (très tôt au début du XXe siècle) sur quelques départements du Midi qui a permis de sauver le Castor en France. Il a ensuite recolonisé naturellement la vallée du Rhône jusqu’à Lyon. Notons que le fief du Castor, la Camargue, a été finalement désertée en 2005, du moins en son cœur et ce n’est qu’en décembre 2020 que de nouveaux indices ont été récoltés. On l’a alors retrouvé au domaine des Grandes Cabanes. Le Castor est de retour dans le cœur du Delta du Rhône !

Le Castor dans la région Rhône-Alpes

Il semble possible que le Castor ait subsisté en quelques endroits de la région, alors que la population relictuelle de France était réputée confinée au secteur en amont de la Camargue au début du XXe siècle. Toutefois J.M.Faton (in litt.) précise qu’il ne devait finalement plus en avoir. Ainsi le département de l’Ardèche est cité à la même époque. Quelques jalons historiques sont donnés ici. Dans les années 1970, l’espèce est présente depuis la Camargue au sud de l’Ardèche, dans les Basses Vallées de l’Ardèche et jusqu’au niveau de Printegarde (Ardèche / Drôme). De multiples opérations de réintroduction accompagnées d’une bonne dynamique des populations conduit aujourd’hui l’espèce à occuper l’essentiel du réseau hydrographique de la région, y compris dans la Loire où sa réintroduction a été plus tardive. Les meilleures densités sont par exemple sur la rivière Drôme où on trouve une famille tous les deux à quatre kilomètres. Ainsi l’espèce est en nette expansion suite à de multiples réintroductions en Rhône-Alpes depuis 40 ans. Certaines têtes de bassin comme celle de l’Eyrieux (Ardèche) sont désormais parfois colonisées. Elle est dans la ville de Lyon (Rhône). Elle a atteint le Lac du Bourget (Savoie) jusqu’à son extrémité Sud et elle remonte en Haute-Savoie jusqu’aux Bassin de l’Arve-Giffre. Sa réintroduction sur la Loire à l’Écopole du Forez en 1994 et 1995 a permis sa réimplantation dans le Bassin de la Loire, l’espèce arrivant aussi par la partie aval du fleuve. Seuls les aménagements hydrauliques freinent ses déplacements (Ariagno 2010). J’ai pour ma part trouvé un bois rongé sur la grève d’Amphion, Lac Léman (Haute-Savoie) le 21 janvier 2001 (C.Deliry, C.Garin & C.Rochaix) ; l’espèce est à l’époque présente à l’embouchure du Rhône dans le Léman et selon E.Bertouille (in litt.) sa présence régulière est possible au Delta de la Dranse (Haute-Savoie), localité où le 18 janvier 2003, J.P.Jordan, observe longuement un individu.

Habitats : un architecte de la Biodiversité

©© bysa – Sven Začek – Wikimedia Commons

Les Habitats de cette espèce sont des cours d’eau depuis la plaine, jusque vers 1000 m d’altitude. Elle occupe en outre certains lacs ou étangs tranquilles. En 1800 on avait observé le Castor à 2000 m d’altitude ; ce n’est plus le cas. Le record en Rhône-Alpes est de 1080 m sur le Plateau ardéchois. Ces altitudes sont exceptionnelles car l’UICN ne donne comme maximum que 850 m dans son analyse du statut patrimonial de l’espèce. Le Castor habite des trous existant dans la berge, il peut creuser lui-même son terrier ou quand le terrain ne convient pas, construire une hutte formée de bouts de bois rongés. D’autres sources indiques que les huttes, trop visibles, ont été délaissées au profit de cavités plus discrète et assurant par cette adaptation une meilleure survie des familles.

©© bysa – Cyrille Deliry – Histoires Naturelles
Gros tronc couché, Ile Tournier (Ain, Savoie) le 3 janvier 2004
¢ – Athanasius Soter – Barrage au fil de l’eau – Wikimedia Commons

Éléments de Biologie

En terme de biologie, l’accouplement a lieu en hiver, notamment en février et les naissances surviennent en juin. La gestation dure près de 105 jours. Les femelles sont matures vers 2 ou 3 ans alors que les mâles paraissent souvent plus précoces. Sa longévité dans la nature est d’environ 7 à 8 ans. Il construit régulièrement des barrages quand le niveau d’eau le nécessite en particulier. Ceci crée des habitats favorables à de nouvelles espèces : c’est ainsi un véritable architecte du territoire et de la Biodiversité. Le Castor vit en familles matriarchales avec une femelle, un mâle et entre un et six jeunes de l’année précédente, ainsi que ceux de l’année en cours. Sa nourriture se compose de Saules ou quelques autres arbres dont il assure par ailleurs la dissémination par bouturage spontané des brindilles égarées lors de leur consommation. Il possède une glande sécrétant le fameux castoreum, produit qu’il dépose sur des buttes de terre pour marquer son identité.

Planche de Schinz (1824)

Références

  • Ariagno D. 2010 – Grands traits de l’évolution du peuplement de mammifères rhonalpins depuis 40 ans. – Bull. Soc. linn. Lyon, hors-série n°2 : 98-106. – ONLINE
  • Babik W., Durka W. & Radwan J. 2005 – Sequence diversity of the MHC DRB gene in the Eurasian beaver (Castor fiber). – Molecular Ecology, 14 : 4249-4257.
  • Babski S.P., Dupuis O. & Révillon A. 2021 – Le castor en Bourgogne-Franche-Comté. – L’OiseauMag, été 2021. Choisy J.P. 2013 – Le Castor d’Eurasie dans le Parc Naturel Régional du Vercors et alentour. – Document non publié.
  • Cordier-Gont P. 1947 – Castors du Rhône. – Albin Michel, Scènes de la vie des bêtes : 254 pp.
  • de Marolles M. 1788 – La Chasse au fusil. – Paris, Barrois.
  • Deliry C. 2021 – En 1912 on tuait le dernier Castor français en dehors de la Basse Vallée du Rhône. – Nature Life, n°7 – PDF
  • Erome G. 1982 – Contribution à la connaissance étho-écologique du Castor (Castor fiber) dans la vallée du Rhône. – Thèse Univ. Lyon I.
  • Faton J.M. & Chamba L.A. 2007 – Le Castor dans la Drôme. – Epines drômoises, novembre 2007.
  • Gesner C. 1550 – Icones animalium quadrupedum et oviparorum. – Volume I.
  • Halley D.J. & Rossel F. 2002 – The beaver’s reconquest of Eurasia : status, population development and management of a conservation success. – Mammal Rev., 32 (3).
  • Joubert A. 1930 – Une réserve protégée du Castor du Rhône. – Revue des eaux et forêts, 68 : 385-389.
  • Le Lay Y.F., Arnould P. & Comby E. 2017 – Le Castor, un agent en eau trouble. L’exemple du fleuve Rhône. – Géocarrefour, 91 (4).
  • Richard B. 1954 – Le Castor du Rhône. – La Terre et la Vie, 2.
  • Ulmer A. & Bouniol J. 2017 – Castor d’Eurasie. Castor fiber Linnaeus, 1758. – Faune Rhône-Alpes. – ONLINE
  • Veron H. 1992 – Histoire biogéographique du castor d’Europe, Castor fiber (Rodentia, Mammalia). – Mammalia, 56 (1). – ONLINE

  1. Les auteurs rendent rarement compte des sous-espèces de Castors. Or au début du XIXe siècle des populations étaient très isolées les unes des autres et relictuelles, ne concernant guère plus d’un millier d’individus dans le Monde. De ces noyaux existent des différences génétiques qui justifient la détermination de sous-espèces (voir Babik & al. 2005) : Castor fiber galliae Geoffroy, 1803 (France depuis la Camargue), Castor fiber albicus Mastche (Allemagne, depuis le bassin de l’Elbe), Castor fiber fiber Linnaeus, 1758 (Norvège), Castor fiber pohlei Serebrennikon (Russie occidentale), Castor fiber tuvinicus (Russie, centre de la Sibérie), Castor fiber birulai (Mongolie), Castor fiber subsp. (non décrite : Pologne avec des affinités avec les populatio,ns du Dniepr et du Don). D’autres sous-espèces proposées paraissent plus incertaines : C.f. orientoeuropaeus sur le Don et C.f. belorussicus sur le Dniepr. On trouve par en Europe, une importante population de Castor du Canada (Castor canadensis) introduite en Finlande. Il s’agit d’une espèce à part entière qui a toutefois pu être présentée autrefois sous Castor fiber canadensis. ↩︎
  2. Le Castor d’Eurasie occupait autrefois l’ensemble des bassins fluviaux d’Europe. Les modifications importantes de son habitat, sa destruction systématisée à certaines époques, l’utilisation de sa fourrure, la consommation de sa viande considérée comme du « Poisson » et cuisinée les jours de maigre… ont été les objets de son déclin et de sa disparition de nombreuses régions. Au début du XXe siècle, il n’en restait plus en France, que dans la Basse Vallée du Rhône (moins de 100 individus) et aujourd’hui tous les Castors des Bassins rhôdaniens et ligériens sont issus de cette souche alors relictuelle. Ailleurs en Europe occidentale, l’espèce ne subsistait significativement plus qu’en Allemagne au niveau de l’Elbe. Il y en avait encore en Norvège, à l’ouest de la Russie et aux confins de la Chine et de la Mongolie (Choisy 2013). Certains annoncent globalement le chiffre de 1500 castors seulement dans le Monde alors qu’aujourd’hui il y en aurait près d’un million suite à la bonne reprise des populations ! ↩︎
  3. Dans le Bassin du Rhône, la première indication du Castor remonte à 70.000 ans. Comme nous l’avons vu, on trouve le Castor d’Eurasie dans de très nombreux gisements sur l’essentiel de la France au cours du quaternaire, tant ancien que récent. Il était présent un peu partout en Gaule jusqu’au VIIe siècle. Sa présence en Bretagne et en Corse ainsi que dans le cœur du Massif Central ne semble pas confirmée dans les gisements fossiles, y compris au Moyen-Âge. A contrario les Bassins de la Seine et de la Charente, de la Sèvre Niortaise sont bien colonisés, de même que celui de la Dordogne, mais peu celui de la Garonne. Il n’est déjà plus que dans l’Est du pays principalement dès le XVIe siècle, relégué au Bassin du Rhône entre la Camargue et Pont St Esprit principalement ainsi que localement en Alsace au XVIIIe siècle. Le dernier Castor français en dehors de la Basse Vallée du Rhône est tué en 1912, nous l’avons vu. Buffon vers 1758, cite le Castor en Languedoc, dans les îles du Rhône et il dit qu’il est en plus grand nombre dans le nord de l’Europe. ↩︎
  4. Protégé dans les départements du sud de la France en 1909, il regagne du terrain et Robert Hainard estime sa population rhôdanienne en 1940 à environ 300 individus répartis depuis la Camargue à l’embouchure de l’Ardèche. Il y en avait toutefois jusqu’à St Fons dans le Rhône en 1934 puisque 2 individus y sont abattus. Peut-être est-il resté à cet endroit sans disparaître (des doutes subsistent sur cette option) et on comptait alors 2-3 familles entre Givors et le sud de Lyon. Aussi en Rhône-Alpes, bien que réputé relictuel vers la Camargue au début du XXe siècle, a-t-on quelques doutes sur la possibilité de populations très locales ensuite. Richard (1954) indique des contacts dans le sud de l’agglomération lyonnaise et même un contact à Perrache (Rhône). On le trouve selon cet auteur au niveau de Pont St Esprit, peu nombreux jusqu’à Valence (Drôme) et sporadique jusqu’à Lyon (Rhône). Dans le même contexte les populations camarguaises sont au bord de la disparition. ↩︎
  5. Le directeur du Muséum d’histoire naturelle de Nîmes, Galien Mingaud a entrepris des 1889 des démarches afin d’obtenir la protection du Castor du Rhône au bord de l’extinction, alors que par ailleurs à la fin du XIXe siècle on continuait de récompenser financièrement la destruction de tout individu sur le cours du fleuve. Les démarche de G.Mingaud se soldent par la protection effective de l’espèce en 1909. – D’après un article sur le Castor du Rhône paru dans La semaine scientifique supplément n°320 datant de 1912. La prime au Castor est – partiellement – supprimée en 1891 (suite aux démarches de Valéry Mayet, professeur de zoologie à Montpellier) et sa protection intervient en 1909 dans le Gard, le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône. C’est ainsi G.Mingaud, conservateur du Muséum d’histoire naturelle de Nîmes qui obtient la protection officielle du Castor dans ces départements par le biais d’arrêtés préfectoraux permanents règlementant la chasse (Choisy 2013 ; [2022]). Dès 1910, Edmond Perrier, alors président du MNHN, désigne le Castor comme un des « quelques monuments historiques de la vieille faune des Gaules à conserver pieusement » et suggère la création d’une réserve. Une réserve biologique, éphémère, dédiée au Castor est créée en 1928 sur le Bas Rhône suite aux démarches d’Alain Joubert, conservateur des Eaux et Forêts. Elle s’étendait sur 20 km allant depuis la confluence du Rhône avec la Cèze à celle avec le Vaucluse. Cette réserve n’existe plus et se trouve au niveau de l’actuelle chute aménagée de Caderousse notamment. Des colonies ponctuelles atteignent Saulce (Drôme) à la fin des années 1920 (Joubert 1930). L’espèce atteint la confluence de la Drôme en 1930 (Drôme) et il est sur la basse vallée de la Drôme en 1965. R.Hainard signale sa présence sur la basse vallée de l’Isère (Drôme) en 1962. Sa protection est étendue à l’ensemble de la France en 1968 et celle-ci a été renforcée par l’arrêté ministériel du 17 avril 1981, pris en application de la loi dite de Protection de la Nature de 1976. En 1981 l’espèce se trouve en aval de Die (Drôme). Il est par ailleurs réintroduit dans la région grenobloise (Isère) entre 1982 et 1986, il atteint alors par propagation la Combe de Savoie et la Basse vallée de la Maurienne. Dans la vallée de la Drôme (Drôme) il atteint le Marais des Bouligons au début des années 1990. Il remonte dès lors des affluents de la rivière parfois jusqu’à près de 800 m d’altitude (Choisy 2013), la vallée est occupée par près d’une centaine de familles de Castors en 2017, alors que les populations présentes le long du Rhône se sont effondrées, par manque de nourriture au niveau des lônes ou des contre-canaux. La Finlande a été un des premiers pays à protéger le Castor, ce, dès 1868, néanmoins on y a introduit consécutivement le Castor du Canada (Castor canadensis), plutôt que le Castor d’Eurasie. Nous pensons probablement que c’est faute de Castors locaux qui avaient quasiment disparu de la planète : substitution et aussi en raison de la confusion des deux espèces sous Castor fiber (cf. Castor fiber canadensis). La Norvège a protégé ses Castors dès 1845. Il y a bien séparation d’espèce notamment en terme de caryotype avec Castor fiber (2N=48) et Castor canadensis (2N=40). Castor albicus a pu être proposé par ailleurs comme une bonne espèce ! ↩︎
  6. Il est réintroduit en Suisse genevoise à Versoix en 1956, et, l’espèce s’installe en France voisine. Il est dans les années 1960 sur la Saône, à Lyon (Rhône) en 1970. Il arrive à la Table Ronde (Rhône) en 1979, dans la Bresse (Ain) en 1988. On doit envisager ces étapes comme des éléments de recolonisation naturelle. Sa réintroduction a eu lieu aussi au Bout du Lac d’Annecy (Haute-Savoie) en 1972, ainsi que sur les Usses (Haute-Savoie) notamment sous l’action de la DDAF, la même année. Celle-ci a lieu en outre à Rochefort, au sud de Grenoble (Isère – Action du Muséum de Grenoble), ainsi qu’au Bois Français (Isère – [A préciser !]). La DDAF et la FRAPNA l’introduisent sur le Rhône en amont de Lyon dès 1977. Côté Loire, il n’y a pas de mentions naturalistes anciennes, mais la présence du Castor est attestée par quelques toponymes… L’espèce a été réintroduite à Blois en 1974. Elle est dans le nord du département de la Loire en 1998, remontant progressivement le fleuve. D’autres animaux ont été réintroduits dès 1994 par la DDAF et la FRAPNA à l’Ecopole du Forez (Loire). Par ailleurs il est probable que quelques individus aient passé les lignes de crête depuis le Bassin rhodanien à une époque assez récente ; ce sont les seuls éléments de recolonisation naturelle du département, ailleurs tous sont issus de réintroductions. La population française de Castors était estimée à quelque 8000-10000 individus au début des années 2000 (Choisy 2013). ↩︎

Contributeurs – Merci à Jean-Michel Faton qui en janvier 2021 m’a partagé son fond documentaire sur le Castor, ce qui a permis d’enrichir cette page.