Astroblème de Rochechouart – Impactite
Cette présentation s’inspire largement de l’Histoire géologique de la région Poitou-Charentes présentée sur le site du SIGES ➚. Une part des illustrations provient du même site Internet.
Les grandes structures géologiques se retrouvent dans le relief du département et influencent les caractéristiques du réseau hydrographique. L’essentiel du département des Deux-Sèvres concerne un affleurement sud-oriental du Massif Armoricain sur lequel s’appuie le Seuil du Poitou bordé au nord-est par le Bassin de Paris côté Vienne et au sud-ouest par le Bassin Aquitain côté Charentes. Le réseau hydrographique est très dense sur le socle hercynien du Massif Armoricain, très clairsemé au niveau du Seuil du Poitou karstique et moyennement dense sur les deux bassin sédimentaires.
De manière simple, le socle cristallin hercynien est formé de roches du Primaire (très localement du Précambrien), alors que les affleurements du Seuil du Poitou sont du Secondaire (Jurassique principalement) s’appuyant sur le socle et ceux des bassins sont de la même époque mais en série plus puissantes l’érosion n’ayant pas touché les roches Tertiaires sur les parties les plus éloignées du seuil.
Si on connaît en France des roches datant de 2 Ga, les Deux-Sèvres est un des très rares, sinon le seul département de France à pouvoir offrir une histoire géologique continue depuis 590 Ma à nos jours. Il n’y a presque pas de lacunes dans cette histoire, sinon les éléments géologiques disparus du fait de l’érosion.
Période antérieure aux affleurements Précambriens (4,5 Ga à 585 Ma)
Aucune information superficielle ne concerne les époques les plus anciennes du Précambrien (superéon). L’éon Hadéen (4,5 à 4,0 Ga) qui se caractérise par celle de la formation de la Terre se traduit par une multitude de chocs météoritiques dont la rencontre majeure de Théia avec la Terre primitive, Gaïa qui est à l’origine de la Lune. Les conditions sont cataclysmiques et les températures encore incompatibles avec la Vie. Il n’y a pas encore d’oxygène dans l’environnement. Au cours de l’éon Archéen (4,0 à 2,5 Ga) la Vie apparaît à l’état procaryotique et la photosynthèse des Cyanobactéries enrichit l’Hydrosphère en dioxygène ce qui se traduit par des formations locales à Fer rubané. L’éon Protérozoïque (2,5 Ga à 541 Ma) voit l’enrichissement de l’atmosphère en dioxygène et l’apparition des premiers Eucaryotes d’abord unicellulaires, puis pluricellulaires avec les premiers Végétaux et Animaux. Après la glaciation Varenger à la fin de cet éon (Cryogénien de 720 à 635 Ma) se situe l’Édiacarien (635 à 541 Ma) époque de la formation de la chaîne cadomienne notamment dans le nord-ouest de la France. On y trouve les plus anciennes roches des Deux-Sèvres dites du Briovérien qui recouvre dans le détail le Cryogénien et l’Édiacarien. L’orogénèse cadomienne a été précédée en France par l’orogénèse icartienne (2,2 à 1,8 Ga) dont on trouve les traces dans des roches très localisées en Bretagne et dans le Cotentin, ainsi que de façon plus notable à Guernesey. Les plus anciennes roches de France se trouvent dans la Anse de Pors Raden dans les Côtes d’Armor et datent de 2 Ga. Ce sont des Orthogneiss liés à l’orogénèse icartienne.
Les plus anciennes roches des Deux-Sèvres : Briovérien supérieur (590 à 541 Ma)
Le Briovérien (670 à 541 Ma) correspond à l’orogénèse cadomienne. Il s’agit d’une division temporelle qui n’a de valeur que pour le Massif Armoricain et qui correspond aux époques du Cryogénien et de l’Édiacarien (voir plus haut).
A la fin de l’orogénèse cadomienne des injections de Granites dans les sédiments métamorphisent ces derniers. Le démantèlement de la chaîne cadomienne produit des sédiments dits « anté-ordoviciens », notamment sous forme de Grauwackes.
Les affleurements du Briovérien en Poitou-Charentes se trouvent tous dans les Deux-Sèvres où ils sont relativement abondants. On trouve vers Thouars des roches métamorphiques de cette époque : Micaschistes quartzeux à Biotite et à Grenat. Micaschistes et Paragneiss s’observent dans le Haut Bocage vers Mauléon, Bressuire, St Pardoux et l’Absie. Ces roches métamorphiques sont injectées de volcanites acides et d’Ignimbrites. Parmi les sédiments « anté-ordoviciens’, datant toujours de l’Édiacarien on trouve sous forme métamorphisée des Métawackes et des Micaschistes au niveau des Mauges au Nord, des Quartzites, Schistes (notamment tachetés) ou Micaschistes ainsi que des Cornéennes dans le Haut Bocage Sud. Il y a encore des Paragneiss plagioclasiques à La Tessouale qui sont aussi réputées datées de l’Ediacarien (Briovérien).
Les roches du Bas Bocage : Wackes, Grès et Schistes moins métamorphisées, sont d’âge incertain et proposées pour le Briovérien ou le Cambrien.
La Faune d’Édiacara est célèbre pour cette époque. On y observe les premiers animaux bilatériens.
Le Cambrien (541 à 485 Ma) s’observe en Poitou-Charentes seulement dans le Deux-Sèvres
Des terrains d’âge Cambrien affleurent dans les Deux-Sèvres au niveau du synclinorium de Chantonnay (La Chapelle Thireuil, la Chapelle Bâton et l’Absie) où ils sont représentés de sédiments « anté-ordoviciens » liés au démantèlement de la Chaîne Cadomienne dans une mer périorogénique qui se retirera à la fin du Cambrien. Ce sont des Conglomérats, des Grès, des Wackes, des Quartzites à Muscovite, des micro-gabbros, des Dolérites et des Schistes verts. Ils sont comme les roches du Briovérien, dans le Nord du département vers Thouars sous forme de complexes magmatiques ou volcaniques formés de microgranites et de Granophyres. Des laves et des tufs rhyodacitiques se trouvent dans le Choletais, notamment à Airvault. On trouve de plus pour la même période les Gabbros de Massais.
Lors du Cambrien la Biodiversité explose (« explosion cambrienne ») et est représentée par la Faune de Burgess. On observe les premiers Chordés à l’origine des Vertébrés. Une crise biologique majeure survient à la limite entre le Cambrien et l’Ordovicien et se traduit par l’extinction massive de 85% des espèces.
L’Ordovicien (485 à 443 Ma) s’observe aussi en Charente sur les contreforts du Massif Central
Le contexte général a évolué et la Chaîne cadomienne est à l’état de pénéplaine. Une transgression marine entraîne sur le Massif Armoricain et le Massif Central des dépôts de sédiments qui sous l’effet d’un métamorphisme ultérieur vont former les unité supérieures et inférieures de Gneiss du Massif Central. Ces séries sédimentaires sont recoupées par quelques horizons volcaniques. Ce sont ici les Gneiss ordoviciens que l’on trouve côté Massif Central en Charente. Partout la pénéplanation de la Chaîne Cadomienne se caractérise par le remaniement d’altérites continentales où la teinte rouge prédomine et forme le « Grès armoricain ».
Ce sont dans les Deux-Sèvres des roches magmatiques qui se distinguent sous forme de Monzogranites calco-alcalins de Pouzauges en Vendée qui débordent sur le département (Ordovicien inférieur). Dans le Bocage Sud on trouve des Métabasaltes et des Amphibolites alors que dans le synclinorium de Chantonnay on a des Quartzites et des volcanites acides de l’Ordovicien inférieur) ainsi que localement des Schistes, des Grès et des Phtanites.
L’Ordovicien se traduit par la prédominance des Invertébrés qui appartiennent tous encore à la faune marine. Il n’y a toujours aucun êtres vivant sur les continents qui restent parfaitement désertiques. La limite entre l’Ordovicien et le Silurien est caractérisé par une crise biologique majeure.
Début du cycle orogénique calédonien au cours du Silurien (443 à 419 Ma)
Côté Massif Armoricain, donc au niveau des Deux-Sèvres où il est très localisé, le Silurien moyen est représenté par des Pélites riches en matière organique, alors qu’au niveau de la Charente pour le Massif Central on constate les premiers effets d’un métamorphisme HP (haute pression) caractéristique de la mise en place d’une zone de subduction ce qui inaugure la mise en route du cycle orogénique calédonien. Ce métamorphisme affecte les unités supérieures et inférieures des Gneiss du Massif Central et va se poursuivre jusqu’à la fin du Dévonien inférieur.
Au niveau de la Vie, on notera à la même époque les premières Plantes terrestres et les premiers Arthropodes continentaux. On constate la « Sortie des eaux » de la Flore et de la Faune, à savoir la présence d’êtres vivants adaptés à la vie amphibie ou terrestre.
Au Dévonien (419 à 359 Ma) les premiers reliefs de la Chaîne calédonienne s’érodent
Côté Charente, donc Massif Central, on enregistre toujours du métamorphisme HP, dû cette fois à la collision continentale calédonienne. La Chaîne calédonienne récente, s’érode formant des séries de Vieux Grès rouges au Dévonien moyen dans un climat équatorial et tropical.
Dans les Deux-Sèvres, se forme à l’est du synclinorium de Chantonnay, une série schisto-gréseuse coiffée par les Basaltes de la Meilleraie. Plus à l’ouest, les Calcaires givétiens de Villedé d’Ardin reposent sur des dépôts détritiques ordoviciens par le biais d’une semelle gréso-conglomératique. On trouve enfin des affleurements dans le département voisin de la Vienne avec la mise en place de corps plutoniques comme la Granodiorite porphyroïde d’Availles Limouzine…
Les premiers Vertébrés terrestres sont observés à cette époque, de même que les premières Plantes à graine, ainsi que les premiers arbres. Une importante crise biologique aux causes multiples, se traduit au cours du Dévonien par l’extinction de près de 75% des espèces vivantes.
Chaîne hercynienne au cours du Carbonifère (359 à 299 Ma)
C’est au cours du Carbonifère que se forme la Chaîne hercynienne en Europe. En France ceci se traduit par d’importants bouleversements tectoniques : tous les dépôts antérieurs sont plissés, pour l’essentiel métamorphisés ou fracturés. D’épaisses séries détritiques se déposent (faciès Culm) et sont formées de Grès et de Schistes riches en matière organique et très riches en Micas, souvent associés à d’importantes séries volcaniques (paroxisme magmatique entamé dès le Dévonien supérieur) avec des produits calco-alcalins traversant les dépôts de type Culm et engendrant par métamorphisme de contact la transformation du Charbon en Anthracite. Une végétation exubérante se développe sous climat tropical humide, des bassins se forment sous l’effet d’une puissante tectonique avec des accumulations de Calcaires, Conglomérats, Grès et de Shales à lentilles de Charbon.
Des complexes des séries carbonifères sont bien représentées dans le nord des Deux-Sèvres.
Alors que globalement la Pangée se forme, les forêts tropicales humides se décomposant mal forment des accumulations de Charbons. Des Insectes géants sont présents et on note les premiers Reptiles modernes (Sauropsides) qui seront à l’origine des Dinosaures Ŧ, des Oiseaux et de nos Reptiles actuels.
Enfouis sous les sédiments jurassique, le Permien (299-252 Ma) et le Trias (252-201 Ma) ?
Les produits d’érosion de la Chaîne hercynienne s’accumulent dans de profonds fossés tectoniques d’origine carbonifère qui sont comblés par de « Nouveaux Grès rouges » lisibles dans les nouveaux bassins de distension qui s’amorcent : Bassin de Paris et Bassin Aquitain. Ces Grès sont déposés au-dessus de la pénéplaine post-hercynienne et directement surmontés de sédiments du Trias.
Dans les Deux-Sèvres la transgression marine se déroule au Jurassique et les sédiments de cette dernière époque sont directement sur le socle de la pénéplaine post-hercynienne, si bien qu’à « ma connaissance », il n’y a pas de Permien ou de Trias dans le département, même en profondeur. On trouve dans la Vienne, un Microgranite potassique à Biotite à Champagné St Hilaire et qui est réputé d’être postérieur au Carbonifère et probablement d’âge Permien.
Au Trias la France est largement sub-émergée et dans eaux liminaires des dépôt évaporitiques se forment dans le cadre de phénomènes de subsidence.
La fin du Permien est marqué par la crise biologique permo-triasique qui se solde par l’extinction de 95 % des espèces marines et 70 % des espèces terrestres. On observe au Trias les premiers Dinosaures Ŧ, les premiers Mammifères qui sont ovipares et sur les continents se développent des forêts de Conifères. Suit une nouvelle crise biologique, l’extinction triaso-jurassique concernant près de 50% des espèces vivantes.
Impact météoritique de Rochechouart (207 Ma) au Trias supérieur terminal (Rhétien)
Une météorite géante estimée à 1,5 km de diamètre a fini son voyage à 72000 km/h dans le secteur de Rochechouart-Chassenon en limite de la Charente et de la Haute-Vienne. Le choc équivaut à celui de 14 millions de bombes atomiques et toute vie est détruite dans un rayon de 200 km (fusion crustale, explosion, effet de souffle, vapeurs toxiques, nuées ardentes, projections…), ce qui atteint évidemment les Deux-Sèvres. Ainsi à l’époque des matériaux projetés ont dû atteindre notre département. On ne trouve pas trace de la météorite qui s’est fusionnée avec les roches terrestres donnant naissance à des combinaisons uniques et rares : Brèches d’impact nommées Impactites dont les stigmates se retrouvent sous forme de roches bariolées, visibles dans les contructions humaines du secteur. Le cratère d’impact d’origine a été selon les hypothèses empli d’un lac et les lieux au fil du temps se sont érodés et couverts de végétation, il n’y a plus trace de relief original.
Les roches originales qui se sont formées avaient éveillé la curiosité de scientifique depuis le XVIIIe siècle, mais aucune explication ne tenait. C’est en 1967 que François Kraut apporte les arguments prouvant l’existence en ces lieux d’un impact météoritique. Le cratère fait environ de 19 à 23 km de diamètre et ne montre aucun relief relictuel, seules les Impactites (ou Suévites) témoignent de son étendue. Les roches obtenues sont un mélange d’éléments terrestres et météoritiques, en conséquence enrichis en nickel et en fer. Ailleurs la fusion de la croûte sous l’effet de la chaleur (estimée à 10000°C) produit une matrice formée de verre similaire au verre volcanique. Une sorte de « magma de surface » s’est en conséquence formé, incluant de plus ou moins grandes quantités de roches et dont le refroidissement caractérise une grande diversité de matériaux visibles dans le secteur de Rochechouart. On a cru d’abord à des phénomènes volcaniques.
Une Réserve Naturelle Géologique créée en 2008, protège les principaux sites et gisements de Suévite notamment.
Le Jurassique (201 à 154 Ma) forme l’essentiel des sédiments du Secondaire dans les Deux-Sèvres
Lias ou Jurassique inférieur (201-174 Ma)
Les sédiments du Secondaire dans le département des Deux-Sèvres « grimpent » sur le Seuil du Poitou et sont généralement assez peu épais par rapport à ceux des départements voisins. La faune est alors riche en Ammonites Ŧ et en Bélemnites Ŧ, les sédiments sont généralement fins. Ce sont des Marnes ou des Argiles déposées en milieu marin relativement profond. Dans la région de Thouars, le Pliensbachien (191-183 Ma) transgresse directement sur le socle, ce qui indique une transgression tardive. Dès le Toarcien (183-174 Ma) supérieur, période terminale du Lias ou Jurassique inférieur, la profondeur de la mer diminue ce qui conduit à une augmentation de la valeur carbonatée des sédiments (Marno-calcaires, Calcaires).
Le stratotype du Toarcien (183 à 174 Ma) se trouve dans le secteur de la ville de Thouars. Il a été proposé par le naturaliste et paléontologue français Alcide d’Orbigny en 1849. Il concerne des Grès et des Calcaires qui ont été précisés entre 1961 et 1976 en 27 biohorizons basés sur la répartition des faunes d’Ammonites Ŧ. Il a été classé en Réserve Naturelle Géologique en 1987 suite aux démarches de la municipalité de Thouars et de la Société de géologie et de paléontologie thouarsaise Alcide d’Orbigny. On trouve dans ce statotype de bas en haut, des Grès, des Calcaires bioclatiques à oolithes ferrugineuses, des Calcaires agileux souvent oolitiques puis des Marnes. Celui-ci est très riche en fossiles et on y découvre près de 80 espèces d’Ammonites Ŧ… des Foraminières, des Ostracodes, des Bivalves, des Gastéropodes… Si vers Thouars le Toarcien est bien développé, il est plus épais et lisible à Jard-sur-Mer en Vendée, mais il est possible que le Point Stratotypique Mondial qui n’est pas encore arrêté, soit choisi pour le site de Ponto do Trovao au Portugal où les éléments sont plus lisibles encore qu’en Vendée. On trouve à Belmont d’Azergues dans le département du Rhône un des plus beaux gisements d’Ammonites Ŧ du Lias. Le Toarcien y est largement représenté avec une bonne abondance d’Hildoceras bifrons Ŧ une Ammonite Ŧ qui marque la biozone à Bifrons située dans à la base du Toarcien moyen.
Au Lias c’est lors du début de la dislocation de la Pangée que surviennent les transgressions au niveau régional, les plus tardives ayant lieu sur le Seuil du Poitou vers la fin de cette période.
Dogger ou Jurassique moyen (174 à 164 Ma)
Une vaste plateforme où se déposent des sédiments calcaires s’étend sur la région. Dans les Deux-Sèvres on observe au cours du Bathonien (168-166 Ma) supérieur trois faciès principaux : dans le sud-ouest du département des Calcaires argileux à microfilaments et Ammonites Ŧ, dans le sud-est et l’extrême est des Calcaires à Ammonites Ŧ, dans l’essentiel du département et notamment dans le nord des Calcaires grenus à faune benthique. Une part notable des affleurement ont été érodés et laissent à nu le substrat antérieur cristallophyllien. Au Callovien (166-164 Ma) inférieur, le Seuil du Poitou s’abaisse ce qui se traduit par l’installation d’une faune pélagique d’eaux plus profondes. Du côté Massif Central, notamment en Charente on observe au cours du Dogger des récifs coralliens.
La dislocation de la Pangée se poursuit.
Malm ou Jurassique supérieur (163 à 145 Ma)
L’approfondissement du contexte se confirme au Malm avec comme témoins des dépôts de Marnes à Spongiaires au cours de l’Oxfordien (164-157 Ma) et plus généralement une sédimentation argilo-calcaire entamée dès le Callovien (Dogger). Il en résulte une puissante série où alternent Calcaires bioclastiques, Calcaires argileux et Marnes. Dans les Deux-Sèvres cette série affleure dans le Bassin de Lezay. Les récifs coralliens se déplacent vers la région de La Rochelle. A la fin du Malm une tendance régressive est globale, les eaux marines se déplaçant de part et d’autre du Seuil du Poitou vers le Bassin Aquitain au sud et le Bassin de Paris au nord. Des Evaporites se déposent localement dans le secteur de Cognac en Charente et sur l’Ile d’Oléron en Charente Maritime. Toute la région est quasiment émergée à la fin du Jurassique. Suivra une longue période d’érosion, de l’ordre de 40 Ma (soit pendant tout le Crétacé inférieur), qui fera disparaître les étages supérieurs de cette époque.
C’est au Malm qu’apparaissent les Marsupiaux, les premiers Oiseaux et les premiers Angiospermes.
Crétacé (145 à 66 Ma) en deux phases
Crétacé inférieur (145 à 101 Ma) : phase d’intense érosion
Par contrecoup de la récente orogénèse pyrénéenne, le sud de la région au niveau du Bassin Aquitain est en surrection, ce qui se traduit par une forte érosion des terrains émergés, avec une silicification du substrat hercynien ainsi que des Calcaires Calloviens vers Montreuil-Bellay dans le nord des Deux-Sèvres. Il n’y a pas de dépôts connus pour cette époque.
Crétacé supérieur (101 à 66 Ma) : transgression avec des oscillations
Dès le début du Crétacé supérieur, au Cénomanien (101-94 Ma), la mer revient de part et d’autre du Seuil du Poitou qui finira par être recouvert. Il s’agit d’une transgression nuancée dans le détail par des pulsations (avec de courtes phases de régression). Au Turonien (94-90 Ma), les eaux du Bassin Aquitain et du Bassin de Paris se rejoignent au-dessus du Seuil du Poitou alors en partie submergé. Ensuite les oscillations se poursuivent, mais la tendance est au retrait pour la fin du Crétacé inférieur. Ainsi au Campanien (84-72 Ma), la mer se retire définitivement du Seuil du Poitou, mais au sud de la région Poitou-Charentes, la mer est encore présente au Maastrichtien (72-66 Ma) (Calcaires détritiques). Une bonne diversité de faciès s’observe dans le sud de la région dans les départements des Charentes et on y découvre plusieurs stratotypes, liés à Cognac avec le Coniacien (90-86 Ma), Saintes avec le Santonien (86-84 Ma) et la Champagne charentaise avec le Campanien (84-72 Ma). Ainsi trois stratotypes successifs concernent la région Poitou-Charentes au cours du Crétacé supérieur.
Dans les Deux-Sèvres, le Crétacé supérieur est très localisé dans le nord-est du département. Il a par ailleurs complètement disparu du Seuil du Poitou suite à l’érosion.
C’est pendant cette période qu’apparaissent les premiers Mammifères placentaires. La [crise biologique survenant il y a 66 Ma est la célèbre Crise Crétacé-Paléocène où disparaissent 50 % des espèces vivantes dont les Dinosaures Ŧ non-aviens. S’en suivra au cours du Cénozoïque par une importante diversification des Oiseaux (Dinosaures aviens) et des Mammifères pour donner les faunes que nous connaissons actuellement.
Le Paléogène (66 à 23 Ma) est très peu représenté dans les Deux-Sèvres
Il n’y a d’abord aucune trace du Paléocène (66-56 Ma) alors que la collision de l’Ibérie avec l’Europe donne naissance aux Pyrénées, ce qui au niveau de la région réactive de nombreuses failles hercyniennes. A l’Eocène (56-34 Ma) ce sont quelques phénomènes d’altération continentale qui sont observés avec la formation de Latérites et d’Altérites alors que le Seuil du Poitou et la région sont en surrection. Des distensions surviennent a contrario au cours de l’Oligocène (34-23 Ma) avec formation locale de bassins d’effondrements où se déposent des Calcaires lacustres.
Les Pyrénées se forment dès le Paléocène alors que c’est le tour des Alpes dès l’Eocène. Du points de vue Mammifères on note une diversification importante de petites espèces, les premiers Primates apparaissent dès le début de cette époque au Paléocène.
Altération des roches au cours du Néogène (23,0 à 2,6 Ma)
Au début du Miocène (23,0-5,3 Ma) la subsidence lithosphérique entamée au cours de l’Oligocène se poursuit et atteint son maximum, ce qui se traduit par des incursions marines du côté du Bassin de Paris et en l’occurrence dans la Vienne (Faluns d’Amberre déposés au cours du Serravalllien [13,8 à 11,6 Ma]). Des phénomènes d’altération continentale par addition ou par soustraction sont à l’origine de la formation des Meulières notamment vers Saint Maixent. Sur le Seuil du Poitou ce sont les Terres rouges à châtaigniers qui dominent.
Les affleurements, nombreux, du Miocène (23,0-5,3 Ma), Pliocène (5,3-2,6 Ma) et du Quaternaire (dès 2,6 Ma) (ces dernières étant représentées en noir) sont lisibles sur la carte ci-contre.
Au cours du Néogène la Lignée humaine se sépare de celle des Chimpanzés ; le berceau de l’humanité reste confiné en Afrique.
Formation des paysages au Quaternaire (dès 2,6 Ma)
La région Poitou-Charentes subit au cours de cette période des phénomènes d’érosion récents. Le réseau hydrographique actuel se structure par le creusement de vallées de plus en plus encaissées et des dépôts d’alluvions. Des vallées actuellement submergées se forment jusqu’à une cote de -120 m au cours du Würm, celles-ci se comblent suite à la transgression flandrienne entamée il y a près de 12000 ans. Des sédiments marins argileux, des vases fluvio-marines puis d’origine fluviatile comblent les basses côtes, la ville de Niort se trouvant initialement au bord de l’Océan s’en trouve désormais séparé par le Marais Poitevin progressivement asséché désormais par les activités humaines. Des falaises mortes en bordure du Marais témoignent des anciennes limites des rivages au début de l’Holocène (dès 11700 AP).
Les Hommes se diversifient et partent à la conquêtes de nouveaux continents. Le genre Homo dont il ne reste plus qu’une seule espèce avec Homo sapiens, apparaît vers la fin du Quaternaire. Les cycles glaciaires dans l’Hémisphère nord conduisent à une importante diversification des Oiseaux notamment dont les espèces sont tour à tour isolées dans des zones refuges puis en expansion sur des nouveaux territoires délaissés par les glaces. L’Homme moderne s’installe dans la région et modèle les paysages principalement par l’agriculture et l’urbanisation. Il exploite et révèle les roches de la région au niveau de carrières ou de sablières ainsi que dans des mines.