Haliaeetus albicilla

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Deliry C. 2025 – Haliaeetus albicilla - In Histoires Naturelles – Version 24723 du 08.12.2024. – deliry.net


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Haliaeetus albicilla (Linnaeus, 1758)

Pygargue à queue blanche - White-tailed Sea-Eagle - Accipitridae
syn. - Falco ossifragus, Haliaetus albicilla - Orfraye, Aigle barbu, Grand Aigle de mer

LC 2021 UICN - LC 2021 Europe - CR, VUw France

Cette espèce est très proche du Pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus), connue en Amérique du Nord.

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🔍 - ©© bysa - Yathin S. Krishnappa - Wikimedia commons
  • Haliaeetus albicilla albicilla (Linnaeus, 1758)
  • Haliaeetus albicilla groenlandicus Brehm, 1831

Depuis le Groenland et l'Islande au nord de l'Europe et à la Sibérie, au Japon, notamment en Norvège, dans le Nord de l'Allemagne, les Pays Baltes, la Polognes ou la Russie où se concentrent les plus importantes populations. Il y a 2500 couples en Europe dont 700 en Pologne. On compte dans le Monde entre 20300 et 39600 individus [UICN 2010]. Sa (ré)introduction est programmée en Espagne (Asturies) et en France (Léman).
Le déclin est très important au cours du XIXe et au début du XXe siècles en Europe. Pour la Norvège, qui est encore un bastion de l'espèce à la fin des années 1960, Yeatman (1971) indique le cas d'un seul homme qui parvint à en tuer cent en une année pour toucher la prime de destruction de 3 couronnes par tête. Les populations ont été détruites en Angleterre (nicheur disparu en 1908) et au Danemark (1910), les populations européennes sont en très forte réduction sous l'effet de persécution et des pesticides et son aire se rétraction progressivement vers l'est du continent (Yeatman 1971). Le Pygargue est de nouveau en progression en Europe occidentale depuis les années 1970 et il a pu recoloniser certaine régions, notamment à partir des populations allemandes fortement protégées à la fin des années 1960, comme l'indique Yeatman (1971). L'espèce a disparu de divers secteurs : Irlande, Autriche, Corse, Sardaigne, Syrie, Irak, Israël et Egypte. La chasse, les empoisonnements, la pollution des eaux, les prélèvements d'œufs et de poussins ainsi que la destruction des zones humides sont autant facteurs de menace (Deliry 2010).

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🔍 - Les zones d'hivernage se distinguent en bleu et celles de nidification stricte en vert clair.
©© bysa - The Engineer - Wikimedia commons

L'espèce était présente en France et en Corse dès le Pléistocène. Au Paléolithique elle niche vers Quiberon ou les îles voisines comme l'attestent certains restes découverts sur ce secteur. Au cours de l'Antiquité, il est probablement nicheur dans le secteur d'Orléans et des monnaies gauloises représentent cet oiseau, alors qu'à l'âge du Fer, il ses dépouilles sont exposées dans des rituels [1][2]. Au Moyen-Âge l'espèce été indiquée en quelques endroits en France, et notamment dans la Vienne. On trouve encore des restes de cet oiseau datant de l'Âge du Fer en Vendée alors qu'au début de l'Holocène d'autres mentions concernent la Bretagne, le secteur de Quiberon et Hoédic étant de toute évidence occupé au Paléolithique [INPN 2022].
Elle a dû nicher au Moyen-Âge sur les bords du Lac du Bourget, voire du Léman (Michelot 1991 in Deliry 2010). Elle s'est reproduite en France continentale jusqu'aux XVIe ou XVIIe siècles et a été éradiquée. Des témoignages rendent compte de sa présence en Alsace entre les Xe et XVe siècles (Deliry 2010). Quelques cas concerneraient encore les XVIIIe et XIXe siècles. De Marolle (1788) mélange ce taxon sous deux espèces, l'une, l'Aigle à queue blanche, ne nichant pas en France, l'autre, le Grand Aigle de mer, qui se tient volontiers en bord de mer, a fait son nid sur de grands arbres (les plus hauts) du Parc de Chambord (Salerne in de Marolle 1788). Pour les Deux-Sèvres l'espèce a été aperçue dans les environs de Niort et elle se montre quelquefois dans les grandes forêts telles celles de Chizé et de l’Hermitain, ainsi que dans le voisinage des grands étangs, notamment ceux de Juihgny vers Bressuire, des Châtelliers et de Pugny vers Parthenay (Guillemeau 1806). Mayaud (1932 in Deliry 2010) a été sédentaire en Basse Camargue. Le Pygargue a niché sur les côtes de Corse jusque dans les années 1930 et peut-être encore en 1956 voire 1959 (des individus isolés ont encore été notés jusqu'en 1966). Vansteenwegen 1998 indique la dernière date de nidification attestée de 1943. L'espèce a été considérée un temps comme disparue de France (RE). En Camargue l'hivernage qui avait cessé reprend dès les années 1950 (Deliry 2010). Il semble s'être poursuivi en Lorraine jusque dans les années 1960, avant de montrer un creux significatif, voire total dans les années 1970 et 1980. Depuis 1990 l'hivernage a repris concernant d'abord un à quatre individus, puis a basculé vers des valeurs atteignant les 7 à 11 oiseaux dès le début des années 2010 (VUw France). C'est alors qu'un couple nicheur s'est installé non loin du Lac du Der, après être resté un premier printemps en 2010, ce, dès 2011 et 2014 est un renouveau (reclassement : CR). D'autres couples se seraient installés depuis sur le continent, notamment en Brenne (à confirmer). On ne l'observe la plus souvent que rarement en période internuptiale et en hiver l'espèce présente une certaine régularité et préférence pour la Camargue, la Moyenne vallée de la Loire, la Baie de Somme ou quelques grands lacs du nord est du pays comme le Lac du Der. De très rares mentions sont encore faite à pareille époque en Corse.
Les sites les plus favorables à son observation en France sont notamment les lacs et étangs du Nord-Est, la vallée du Rhin, la Baie de Seine, la Plaine du Forez, la Dombes, l'étang des Landes et la Camargue.

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Voir aussi Guillemeau (1806).
Les mentions récentes sont très occasionnelles en période internuptiale, notamment pour la Vienne :

  • 1er février 1981 à l'étang de Combourg (M.Caupenne in Boullah & Boullah 2017).
  • 11 janvier 2003 à l'étang de Beaufour (F.Simmonet, F.Lecomte & P.Guignard in Boullah & Boullah 2017)
  • 25 mars 2006 à Usson du Poitou (Vienne (Boullah & Boullah 2017).
  • 19 février 2016 à l'étang de Beaufour (auct., in Boullah & Boullah 2017).
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Rhône-Alpes & Dauphiné

Un tué près de Lyon (Rhône), jeune individu, en 1854-55 (Olphe-Galliard 1891). Pour Bailly (1853-1854), le Pygargue n'était présent en Savoie que lors des hivers les plus rigoureux, alors sur le Lac du Bourget, parfois sur le Rhône ou l'Isère. L'espèce est rare et de passage plus ou moins régulier dans le Dauphiné (Lavauden 1910).
Le dernier couple nicheur de France continentale se trouvait à Thonon (Haute-Savoie) au bord du Léman et a disparu 1892. On envisage par hypothèse qu'il y a eu jusqu'à quatre couples sur le Léman au XIXe siècle. Un projet de réintroduction est en préparation avec les premiers lâchers en 2022. Le premier jeune qui sera lâché est né en captivité en avril 2022, il a été relâché dans la nature le 21 juin 2022. Le programme prévoit le lâcher de 85 individus dans le Bassin du Léman et sur le Haut-Rhône d'ici 2030. Que ce soit la LPO ou le Muséum de Genève, il n'apparaît pas certain que des Pygargues aient été présents sur ce secteur de la France et la Suisse et en conséquence le projet de (ré)introduction n'apparaît pas fondé sur un indigénat antérieur.
Le statut principal dans la région Rhône-Alpes est celle d'un visiteur occasionnel en période internuptial, pouvant toutefois effectuer des hivernages continus comme dans la Dombes ou en Forez. Des stationnements hivernaux concernent aussi le Lac du Bourget (Deliry 2010).


Occupe le sites présentant des milieux aquatiques comme les côtes maritimes, les grandes rivières ou les lacs que ce soit dans les terres ou au bord de la mer. Au bord des fleuves ou des lacs, il préfère les falaises escarpées. Le nid est construit à quelques kilomètres au plus des lieux de gagnage, souvent dans de grands arbres séculaires placés en lisière de forêt.

L'incubation dure entre un peu plus d'un mois et un mois et demi. C'est essentiellement la ♀ qui surveille le nid et les jeunes. L'envol a lieu vers l'âge de deux mois et demi et les jeunes restent près de l'aire pendant encore deux à trois semaines et ne deviendront indépendant que deux mois plus tard. La maturité sexuelle est atteinte au bout de cinq ans.

Chronologie (Voir autre détails sans références plus haut)...

  • Michelot 1991 in Deliry 2010 - Elle a dû nicher au Moyen-Âge sur les bords du Lac du Bourget, voire du Léman.
  • Deliry 2010 - Elle s'est reproduite en France continentale jusqu'aux XVIe ou XVIIe siècles et a été éradiquée. Des témoignages rendent compte de sa présence en Alsace entre les Xe et XVe siècles.
  • De Marolle 1788 - Cet auteur mélange ce taxon sous deux espèces, l'une, l'Aigle à queue blanche, ne nichant pas en France, l'autre, le Grand Aigle de mer, qui se tient volontiers en bord de mer, a fait son nid sur de grands arbres (les plus hauts) du Parc de Chambord selon Salerne.
  • Guillemeau 1806 - Pour les Deux-Sèvres l'espèce a été aperçue dans les environs de Niort et elle se montre quelquefois dans les grandes forêts telles celles de Chizé et de l’Hermitain, ainsi que dans le voisinage des grands étangs, notamment ceux de Juihgny vers Bressuire, des Châtelliers et de Pugny vers Parthenay.
  • Bailly 1853-54 - N'est présent en Savoie que lors des hivers les plus rigoureux, alors sur le Lac du Bourget, parfois sur le Rhône ou l'Isère.
  • Olphe-Galliard 1891 - Un tué près de Lyon (Rhône), jeune individu, en 1854-55.
  • Lavauden 1910 - L'espèce est rare et de passage plus ou moins régulier dans le Dauphiné.
  • Mayaud 1932 (in Deliry 2010) - Sédentaire en Basse Camargue.
  • Vansteenwegen 1998 - Dernière date de nidification attestée [en Corse] en 1943.
  • Deliry 2010 - L'espèce a été considérée un temps comme disparue de France (RE). En Camargue l'hivernage qui avait cessé reprend dès les années 1950.
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🔍 - Planche de von Wrigt (Oiseaux de Suède) - XIXe siècle

Bailly J.B. 1853-54Ornithologie de Savoie. – Paris, Chambéry, 5 volumes.
Blanchon R. 1996 – Le Pygargue à queue blanche (Haliaetus albicilla) en val d’Allier et en Auvergne. – Le Grand-Duc, 49 : 7-9.
Boullah C. & Boullah A. 2017 - Court séjour d'un Pygargue à queue blanche Haliaeetus albicilla à l'étang de Beaufour. - L'Outarde, 53 : 25-26. - PDF LINK
Deliry C. 2010 - Le Pygargue à queue blanche, Haliaeetus albicilla, un oiseau nicheur de Rhône-Alpes, disparu au Moyen-âge. - Histoires Naturelles n°15. - PDF
Dulphy J.P. 2020 – Le Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) en Auvergne. – Le Grand-Duc, 88. – PDF LINK
Guillemeau J.L 1806 - Essai sur l'histoire naturelle des oiseaux du département des Deux-Sèvres. - Elies-Orillat, Niort. - ONLINE
Lavauden L. 1911 – Catalogue des oiseaux du Dauphiné. – Bull. Soc. Et. Biol., 2 : 173-223.
de Marolle M. 1788 - La Chasse au fusil. - Imp. Barrois, Paris : 582 pp. - ONLINE
Deliry C. 2010 - Le Pygargue à queue blanche, Haliaeetus albicilla, un oiseau nicheur de Rhône-Alpes, disparu au Moyen-âge. - Histoires Naturelles n°15. - PDF
Pelsy F. 2023 - Découverte d’un nid de Pygargue à queue blanche Haliaeetus albicilla en Sologne du Loir-et-Cher (Note). - Ornithos, 30 (6) : 352-354.
Olphe-Galliard L. 1891 - Catalogue des Oiseaux des environs de Lyon. - Pitrat Ainé, Lyon.
Yeatman L. 1971Histoire des Oiseaux d’Europe. – Bordas, Paris, Montréal : 367 pp.