Notion issue du domaine de la Chimie, l’effet tampon se traduit par une rupture de la stabilité du pH maintenu constant jusqu’à un certain point de rupture significatif. Cette notion de résistance prolongée et de rupture d’un phénomène est similaire au tampon thermique de la Planète qui a su résister un temps.
2023 est la deuxième année la plus chaude en France après 2022 : des records de chaleur et des coups de vents…
Selon le bilan national de Météo France, l’année 2023, est la deuxième année la plus chaude de l’histoire de la météorologie en France, derrière… 2022 et précédant 2020 ! Les neuf années les plus chaudes dans le pays sont groupées après 2011 et 2003 se distingue étant glissée dans le top 10, au neuvième rang. La moyenne annuelle est estimée à 14,4°C, contre 14,5°C l’année précédente, la dixième du top 10 est à 13,4°C, soit une unité en-dessous. A un hiver doux accompagné de coups de froids fin-janvier entre fin-février et début-mars, la chaleur s’installe par vagues significatives et répétées dès le mois de juin. L’été s’éternise et il fait toujours chaud, comme en été, début octobre, même si les valeurs ont fléchi toutefois. Le mois de décembre 2023, s’installe dans la douceur et le froid n’arrivera qu’au mois de janvier 2024. Des Pruniers sont en fleur en décembre, les premières Primevères fleurissent tout début janvier.
On aura enregistré un coup de chaud, avec un record pour le mois de juin, de 41,6°C à Sartène (Corse-du-Sud) dans la dernière partie du mois de juin, en juillet ce sont plusieurs villes qui battent leur record absolu de chaleur, la température peut ne pas descendre sous 27°C la nuit à Toulouse fin août. On n’a jamais de mois de septembre plus chaud en France et l’automne prend le même qualificatif.
Début novembre la tempête Ciarán, se traduit par des rafales record, confirmées à 172 km/h à Ploudalmézeau (Finistère), deux jour plus tard, la tempête Domingo affecte tout particulièrement la Charente-Maritime par ses pointes de vent et le record de 136 km/h en rafale, est noté non loin, pour Niort dans les Deux-Sèvres voisines.
L’année 2023 se traduit outre ses détails de record de chaleur ou de puissance de vent, par un allongement de la saison estivale qui dure de juin à mi-octobre, ainsi que par une sécheresse persistante dans les régions méditerranéennes du pays.
Le tampon thermique de la Terre est clairement rompu depuis juin 2023
A l’échelle de la Planète on doit considérer que les échanges entre les masses d’air, la régulation de l’hydrosphère, les mouvements généraux conduisent à une sorte d’inertie qui intervient de toute évidence comme un tampon thermique sur les valeurs des températures enregistrées globalement.
Le graphique donné ci-dessous, généré par le service européen Copernicus Climate Change est accompagné d’une valeur d’un excédent thermique global de 1,48°C vis à vis de la période dite « préindustrielle » basée sur les valeurs obtenues entre 1850 et 1900. Autant dire que le seuil politique de 1,50°C (Accord de Paris de 2015) est atteint ou le sera très prochainement. Ce n’est pas même une prévision, c’est comme une évidence.
On voit bien sur le graphique que les courbes du haut foncent ce qui signifie que l’état global est vers l’augmentation des moyennes des températures planétaires à mesure des années qui avancent. Ce qui est remarquable est l’envolée de la courbe globale des températures de la moyenne planétaire de l’année 2023 qui quitte l’ensemble des autres courbes, ce de manière continue et persistante depuis le mois de juin. Ce n’est pas une simple envolée, c’est une rupture nette et continue. Ceci doit être interprété comme une rupture d’une sorte d’effet tampon qui a fonctionné et résisté depuis des décennies, bien que tiré progressivement vers le haut. Personne ne semble l’avoir vu ou interprété comme tel, personne n’en parle clairement !
Alors peu importe l’origine ou les causes anthropique ou non, c’est un fait : la Terre a changé de régime thermique. Il m’apparaît probable que dans un tel contexte divers modèles météorologiques seront disqualifiés et ne fonctionneront plus selon les mêmes théories. Ceci se traduit par une anomalie thermique significativement différente et supérieure à l’ensemble de tous les autres résultats enregistrés depuis 1940.
Nous ne sommes plus à devoir seulement lutter afin de réduire le réchauffement climatique, mais bien à devoir en tenir compte de manière efficace afin de se prémunir contre ses conséquences.
Les principales conséquences enregistrées et la multiplication des records de température, ponctuels, mensuels ou annuels dans le Monde, une multiplication des incendies géants tant en Europe, Amérique du Nord ou Sibérie, des sécheresses prolongées en divers endroits de la Planète… (AFP & SR 2024). Il n’y a pas eu un jour de l’année 2023 où l’anomalie thermique globale vis à vis de la période « préindustrielle » en dessous d’un excédent de 1,0°C, tout comme l’année 2019 (les années 2016 et 2020 avaient frôlé cette performance). Des points froids (anomalie thermique inférieure ou égale à 0°C sur l’année) semblent subsister en ce qui concerne 2023 dans une partie de l’ouest des États-Unis, depuis la partie méridionale de l’Amérique du Sud à l’Antarctique, au nord de l’Australie, ainsi qu’au nord-ouest de l’Inde (selon Copernicus 2024). Selon Scigacz (2024), trois points clés sont à retenir du rapport de Copernicus (2024) : le Monde est proche de l’excédent thermique de +1,5°C décidé lors de l’accord de Paris signé par les Nations en 2015, la température des Océans est à une valeur record et l’année 2023 est une année record d’émission de gaz à effet de serre. Nous avons ici deux faits dûment observés et un élément considéré comme une cause de longue date maintenant.
Cyrille Deliry, Niort le 12 janvier 2024
Sources et quelques référence
- AFP & Le Monde 2024 – Climat : 2023 a été la deuxième année la plus chaude jamais mesurée en France. – lemonde.fr, 5 janvier 2024. – ONLINE
- AFP & SR 2024 – Agence France Presse, 9 janvier 2024, sur BFMTV. – ONLINE
- Berrod N. 2024 – Climat : le seuil de +1,5°C quasiment atteint en 2023, année la plus chaude jamais mesurée dans le monde. – leparisien.fr, 9 janvier 2024. – ONLINE
- Copernicus 2024 – The 2023 annual climate summar. Global Climate Highlights 2023. – climate.copernicus.eu – ONLINE
- Météo France 2024 – Bilan climatique de l’année 2023. – Document en ligne. – PDF LINK
- Nations Unis 2023 – Climat : de nouveaux recors de température attendus ces cinq prochaines années. – ONU info, news.un.org, 17 mai 2023. – ONLINE
- Ponsot M. 2024 – 2023 est l’année la plus chaude jamais enregistré dans le monde, confirme Copernicus. – ouest-france.fr, 9 janvier 2024. – ONLINE
- Scigacz M.A. 2024 – Réchauffement climatique : trois choses à retenir du bilan de Copernicus sur l’année 2023, la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. – francetvinfo.fr, 9 janvier 2024 – ONLINE
- Séchet G. 2024 – Bilan météo et climatique de l’année 2023 : au second rang des plus chaudes en France et de nombreux extrêmes. – meteo-paris.com, 3 janvier 2024 – ONLINE
- Spautz S. 2024 – L’accord de Paris était déjà un échec sur la moitié de l’année 2023. – hufftingonpost.fr, 9 janvier 2024. – ONLINE