Les auteurs, comment les désigner et comment les citer dans le cadre de la Nomenclature zoologique. Cas appliqués aux Odonates

Nomina Odonata3 novembre 2022

J’examine et interprète le Code de Nomenclature zoologique (Ride & al. 1999) en vigueur du point de vue de la désignation et de la bonne citation des auteurs des genres ou espèces de manière générale du point de vue du Code et particulière à partir de cas exemples pris chez les Odonates. Cette présentation est en rapport avec le Titre 11 contenant les articles 50 et 51 du Code International de Nomenclature (op. cit.).

Il convient de bien distinguer celui qui rédige à savoir le rédacteur (auteur de la publication) et celui qui décrit (descripteur). Si bien souvent rédacteur et descripteur sont confondus, dans divers cas ce n’est pas vrai et cette divergence est de plus en plus fréquente dans les nouveaux articles. Noter que ce qui est écrit au singulier pour un descripteur et valable aussi pour un groupe de descripteurs, au pluriel.
Un espèce donnée est clairement définie par son binom (genre et épithète spécifique) suivi de son descripteur et de l’année de description. Il n’existe qu’une variation de cette présentation par ajout de parenthèses lorsque le genre initial a été ultérieurement modifié auquel cas, il est autorisé (mais non nécessaire) d’ajouter l’auteur du changement de genre.

Libellula quadrimaculata Linnaeus, 1758

Forcepsioneura itatiaiae (Santos, 1970) Lencioni, 1999 initialement décrit sous Phasmoneura itatiaiae Santos, 1970 ce qui peut être précisé ainsi Forcepsioneura itatiaiae (Santos, 1970) Lencioni, 1999 (Phasmoneura).

Citation – Deliry C. [2022] – Les auteurs, comment les désigner et comment les citer dans le cadre de la Nomenclature zoologique. Cas appliqués aux Odonates. – Nomina Odonata, 3 novembre 2022, en ligne sur the World odonata Web. – PDF

La première personne qui publie un binom (valide, synonyme ou exclus) est considérée comme son descripteur. Il est déconseillé d’introduire de nouveaux binoms dans des procès verbaux de réunion, et si tel est le cas, le descripteur reste le responsable du binom et non le secrétaire de séance. Le passage d’un nom utilisé à une niveau plus précis que la sous-espèce, à un niveau de sous-espèce ou d’espèce vaut description et celui qui opère le changement devient le descripteur. Les émendations ne changent pas le nom du descripteur.

  • ICZN – Le descripteur d’un binom est la première personne qui l’a publié [art. 8 et 11 de l’ICZN], évidemment, le binom étant valide seulement s’il est disponible [10-20]. Pour un travail collectif, seuls les descripteurs clairs sont retenus [50.1] et il est recommandé de les citer explicitement dans le texte [50A]. Dans le cas où le contenu ne permet pas de déterminer le descripteur alors qu’il est certain que ce n’est pas le rédacteur du travail, il sera considéré comme anonyme [50.1]. Par défaut ou en cas d’ambiguïté éventuelle, c’est le rédacteur de la publication qui est retenu [50.1.1].
    • Linnaeus étant le premier descripteur officiel d’Odonates, il ne publie que des binoms valides pour ses espèces (avec néanmoins quelques synonymes en boucle). Il est ainsi par exemple le premier descripteur en 1758 de Libellula quadrimaculata Linnaeus, 1758.
      • Linnaeus C. 1758 – Systema naturae. 10e édition. – Holmiae. – [Libellula] PDF
    • Dans le travail de Dijkstra & al. (2015), 60 nouvelles espèces sont décrites pour l’Afrique, toutefois les descripteurs sont explicitement écrits au niveau des nouveaux binoms. Nous avons par exemple Eleuthemis umbrina Dijkstra & Lempert in Dijkstra, Kipping & Mézière, 2015. Lempert n’est pas cité dans les rédacteurs mais est pourtant co-descripteur, explicitement précisé pour le taxon considéré ici.
      • Dijkstra K.D., Kipping J. & Mézière N. 2015 – Sixty new dragonfly and damselfly species from Africa (Odonata). – Odonatologica, 44 (4) : 447-678.
  • ICZN – Les procès-verbaux de réunion ne devraient pas inclure de nouveaux binoms [50B], toutefois si c’était le cas, le secrétaire du compte-rendu ne doit évidemment pas être considéré comme le descripteur. Seul le véritable descripteur est à considérer [50.2].
    • Le cas de Libellula semi-hyalina est complexe mais intéressant. Ce zoonyme a été présenté le 24 août 1832 dans le troisième [annuel] rapport lu à la première séance annuelle de la Société d’Histoire Naturelle de l’île Maurice par Julien Desjardins (manuscrit : Desjardins 1832). Ce rapport simplement lu n’est pas une publication (Monod (1976) confirme que les 5 premiers rapports annuels de cette société sont manuscrits, le premier ayant été finalement publié en 1872 et les suivants, donc le troisième qui nous intéresse, en 1972, (SHNIM 1972) !). Lors de la séance du de la Société entomologique de France en date du 7 janvier 1835, tenue sous la présidence d’Audouin (le président de la Société est désigné dans la même séance. Il s’agit du baron Walckenaer), Audouin fait part d’extraits du rapport qui a été lu le 24 août 1832 et signalé ci-dessus. Il y est fait explicitement référence à Julien Desjardins (dès la rubrique sur les Crustacés) qui parmi la douzaine d’espèces de Libellules rencontrés à l’île Maurice, décrit trois espèces qu’il croit nouvelles dont par exemple la Libellule demi-transparente (Libellula semi-hyalina, J.Dns), la description étant donnée à la suite. Bien que la description ait été lue en séance en 1832, c’est l’année 1835 qui correspond à l’acte de publication (Audouin 1835). Avec une légère émendation (celle-ci est déjà dans Desjardins (1833) alors qu’il ne fait que citer l’espèce) cette espèce (souvent présentée par erreur pour 1832) correspond à Rhyothemis semihyalina (Desjardins, 1835) et pourrait même être désignée ainsi Rhyothemis semihyalina (Desjardins in Audouin, 1835). C’est bien Desjardins qui, explicitement cité dans le texte, est considéré comme descripteur et non Audouin qui alors préside et vaut ici « secrétaire » de séance. Le rédacteur est Audouin et Desjardins le descripteur.
      • Desjardins J. 1832 – Troisième Rapport annuel sur les travaux de la Société d’Histoire naturelle de l’Île Maurice. – Manuscrit : 67 pp.
      • Desjardins J. 1833 – Extrait du Troisième Rapport sur les Travaux de la Société d’Histoire Naturelle de l’Ile Maurice. -[Abstract of the Third Report of the Proceeding of the « Société d’Histoire Naturelle de l’Isle Maurice ».] In : Owen R. – November 12, 1833. – Proceedings of the Zoological Society of London, Part I, 1833 : 117-118.
      • Audouin M. 1835 – Extrait du troisième Rapport lu à la première séance annuelle de la Société d’Histoire Naturelle de l’île Maurice, le 24 août 1832, par M. Julien Desjardins. In : Séance du 7 janvier 1835 de la Société Entomologique de France. – Annales de la Société entomologique de France, tome IV : III-IV. ← Desjardins J.F. 1835 – Extraits du troisième rapport lu à la première séance annuelle de la Société d’Histoire Naturelle de l’île Maurice, le 24 août 1832. – Annales de la Société Entomologique France, 4 (1) : iii-iv. – ONLINE
      • Société d’Histoire Naturelle de l’île Maurice 1972 – Rapports Annuels I-V, 1830-1834, réimpression. – Ly-Tio-Frane, éd., Port-Louis : XXII + 200 pp. + 9 pl.
      • Monod T. 1976 – L’ichthyologie à l’île Maurice de 1829 à 1846 : autour de Julien Desjardins (1799-1840). – Guézé ed. : 11-37. – PDF LINK
  • ICZN – Lorsqu’un taxon a été décrit à un niveau infra-subspécifique et qu’il est remonté au rang d’espèce ou de sous-espèce (et dans la mesure où le binom est disponible) le descripteur devient la première personne à l’avoir présenté au rang d’espèce ou de sous-espèce (et non le descripteur original) [50.3.1] (cf. cette action semble considéré comme un acte de description).
    • Cette situation semble exister dans le domaine de l’odonatologie dans l’abondante littérature d’Edmond de Selys Longchamps. De mémoire, il doit y avoir au moins un cas (que je ne retrouve pas [A préciser !]).
  • ICZN – Toute émendation justifiée (modification de l’orthographe) n’affecte pas le nom du descripteur. L’auteur de l’émendation n’est pas considéré [50.4]. Par contre si l’émendation est injustifiée elle est attribué à l’auteur de l’émendation [50.5].
    • On trouve le cas limite (justification non développée) du genre Calepteryx Leach in Brewster, 1815 qui a été corrigé (à juste titre) sous Calopteryx par Burmeister (1839). Celui-ci devient Calopteryx Leach in Brewster, 1815, en final ce serait même Calopteryx Leach in Brewster, 1815 (emend. Burmeister, 1839) ce qui est assez « lourd » à gérer.
      • Brewster D. (ed.) 1815 – The Edinburgh Encyclopaedia. – Edinburgh, Vol. 9. – [Leach : Odonata : 136-137]. – ONLINE
      • Burmeister H. 1839 – Handbuch der Entomologie. – Enslin, Berlin [Libellulina : 805-862]. – ONLINE
  • ICZN – Le cas d’un binom (identique) publié simultanément par différents auteurs, la préséance est déterminée par l’application de l’article 24 [A préciser !].
    • Ce cas n’est pas clairement connu en odonatologie, sauf erreur, toutefois on pourrait discuter de celui de Macromia splendens que j’ai déjà abondamment examiné, mais qui je souhaite affiner. En effet, il y a eu des effets d’annonce, y compris avec description avant même la description voulue « officielle ». A suivre…
  • ICZN – Les binoms disponibles, publiés, avant 1961, comme synonymes et qui n’ont jamais été cités antérieurement (par exemple noms donnés à partir d’étiquettes ou depuis un manuscrit), l’auteur du dit synonyme est le rédacteur, même s’il cite une autre personne (voir [11.6] [A préciser !]) [50.7]. Si le binom synonyme n’est pas disponible (ou exclu [1.3] [A préciser !]), l’auteur devrait être (aussi) celui qui a révélé ce binom, sauf si une autre personne est citée comme source [50C]. – Commentaire : les binoms synonymes sont ici simplement révélés et ne sont pas associés à une description. Il s’agit simplement d’un nom supplémentaire associé par synonymie au binom « principal » traité par l’auteur. La distinction entre binoms disponibles (non utilisés auparavant) et non disponibles (ou exclus) paraît ambiguë. Dans le premier cas on cite le rédacteur, dans le second (en recommandation [50C]) on cite aussi l’auteur, sauf si une autre personne est citée comme source. En fait ceci relève d’une certaine logique et revient à attribuer la responsabilité de l’acte de nomenclature au rédacteur, s’il est « légal » et à la source, si elle connue, s’il est « illégal ».
    • On trouve en odonatologie de très nombreux synonymes ajoutés dans les travaux anglais, notamment de Stephens (et souvent sur la base de manuscrits de Leach), ou dans ceux d’E.de Selys Longchamps dans la première moitié du XIXe siècle. Exemples [A préciser !].

La citation des auteurs et de la date est en fait facultative, néanmoins elle est fortement conseillée afin de lever toute ambiguïté. Le ou les descripteurs sont précisés après le binom et s’ils sont au moins trois, l’utilisation de l’abréviation et al. après le premier descripteur de la liste, dans la mesure où la liste complète des descripteurs est donnée en début de texte ou en bibliographie. Tout changement de genre opéré sur le binom initial se traduit par une mise entre parenthèse du descripteur (et de la date). C’est le seul cas où la mise entre parenthèse est opérée. Il n’y en a aucun autre. Il est parfois utile d’ajouter le responsable (et la date) du changement de genre, alors après la parenthèse contenant le descripteur d’origine. Dans quelques cas un auteur subséquent peut être présenté, notamment dans la mesure où il a interprété le taxon différemment (on peut alors dire Descripteur1 sensu Descripteur2, 0000 ou Descripteur2, 1111 (nec Descripteur1, 0000)). Si l’auteur est inconnu, il est anonyme (précisé Anon. ou Anonyme), mais pourra être précisé ultérieurement s’il est découvert (il est alors mis entre crochets : [Descripteur], 0000). Le descripteur n’est pas obligatoirement le rédacteur principal, nous avons alors la situation suivante : descripteur in rédacteur, 0000. Lorsque le binom n’est pas disponible ou exclus, ceci doit être précisé : exemple : Auteur, 0000 (nomen nudum).

  • ICZN – Cette citation est facultative car le descripteur ne fait pas partie du binom, bien qu’elle soit faite habituellement et souvent souhaitable. Le descripteur (et la date) devrait être cité au moins une fois dans le texte [51A], sa rédaction doit se faire avec des caractères latins [51B].
    • Ainsi la citation simple sous Libellula quadrimaculata suffit, la rédaction Libellula quadrimaculata Linnaeus, 1758 n’est donc pas obligatoire. Par contre Libellula bimaculata sera rapidement insuffisante car si elle correspond à Libellula bimaculata de Charpentier, 1825 ceci correspond à Epitheca bimaculata (de Charpentier, 1825), de Libellula bimaculata Desjardins in Audouin, 1835 (nec de Charpentier, 1825), il s’agit d’un synonyme de Tholymis tillarga (Fabricius, 1798) ou Libellula bimaculata Stephens, 1835 (nec de Charpentier, 1825), il s’agit d’un synonyme de Libellula fulva Müller, 1764 (notons que je préfère dans ces pages, pour ce taxon la version Eurothemis fulva (Müller, 1764)). On voit clairement que le nom Libellula bimaculata (qui ne s’applique plus aujourd’hui à aucun taxon) peut correspondre à trois espèces différentes selon le descripteur qui est considéré.
      • Linnaeus C. 1758 – Systema naturae. 10e édition. – Holmiae. – [Libellula] PDF
      • de Charpentier T. 1825 – De Libellulinis europaeis In : Horae entomologicae. – Wratislaviae. – ONLINE
      • Audouin M. 1835 – Extrait du troisième Rapport lu à la première séance annuelle de la Société d’Histoire Naturelle de l’île Maurice, le 24 août 1832, par M. Julien Desjardins. In : Séance du 7 janvier 1835 de la Société Entomologique de France. – Annales de la Société entomologique de France, tome IV : III-IV. ← Desjardins J.F. 1835 – Extraits du troisième rapport lu à la première séance annuelle de la Société d’Histoire Naturelle de l’île Maurice, le 24 août 1832. – Annales de la Société Entomologique France, 4 (1) : iii-iv. – ONLINE
      • Müller O.F. 1764 – Fauna insectorum Fridrichsdalina. – Hafnia & Lipsia. – ONLINE
  • ICZN – Le nom du descripteur (Auteur) (et la date : 0000) suit le binom [51.2] et s’ils sont multiples, la totalité des descripteurs doit être cité au moins une fois dans le texte ou dans la bibliographie, mais ensuite ceci peut être abrégé par et al. (en italique) [51C], souvent présenté ainsi & al..
    • L’exemple déjà donné de Libellula quadrimaculata Linnaeus, 1758 est une forme classique de présentation. Nous pouvons prendre l’exemple de Chlorogomphus hoaian Phan & Karube, 2022 pour le cas des descripteurs multiples ou Heteragrion calafatiensis Mendoza-Penagos, Juen & Vilela, 2022 pour exemple avec au moins trois descripteurs qui une fois cité en entier ou référencé en bibliographie pourra être abrégé en Heteragrion calafatiensis Mendoza-Penago et al., 2022 et même directement sans citation des descripteurs (voir plus haut).
      • Linnaeus C. 1758 – Systema naturae. 10e édition. – Holmiae. – [Libellula] PDF
      • Phan Q.T. & Karube H. 2022 – Description of two new species of the genus Chlorogomphus Selys, 1854 (Odonata: Chlorogomphidae) and a new record of Chlorogomphus gracilis Wilson & Reels, 2001 from the Central Highlands of Vietnam. – European J. of Taxonomy, 794 : 91-110. – PDF LINK
      • Mendoza-Penagos C.C., Juen L. & Vilela D.S. 2022 – Heteragrion calafatiensis (Odonata: Heteragrionidae) sp. nov. from Northern Brazil. – Zootaxa, 5124 (2) : 223-229.
  • ICZN – Tout changement de genre d’une binom n’affecte par le descripteur [50.3.2] : le descripteur est indiqué sans parenthèse pour le genre du binom de la description originale et avec des parenthèses lors de tout changement de genre [51.3]. On ne met toutefois pas de parenthèses dans le cas où par exemple l’orthographe du genre était erronée et a été modifiée après publication du binom [51.3.1].
    • Le cas simple d’Aeshna juncea (Linnaeus, 1758), taxon décrit initialement sous Libellula juncea peut être donné en exemple.
    • Nous avons par exemple le cas du genre Aeshna qui a un temps été écrit Aeschna avec l’exemple d’Aeschna serrata Hagen, 1856 dont l’orthographe valide est Aeshna serrata Hagen, 1856. Il n’y a pas ici de changement de genre, mais simplement une correction ultérieure de l’orthographe du genre (Muttkowski 1958).
      • Linnaeus C. 1758 – Systema naturae. 10e édition. – Holmiae. – [Libellula] PDF
      • Hagen H.A. 1856 – Odonatenfauna des Russischen Reiches. – Stettiner Entomologische Zeitung, 17 : 363-381. – PDF LINK
      • Muttkowski R.A (subm.) 1958 – Opinion 34. Æshna vs Æschna. – In : Hemming F. (secr.) – Opinions and declaration rendered by the International Commission on Zoological Nomenclature, vol.1 sect.B. – Intern. Trust for Zoological Nomenclature & ICZN, London : 79-81 – ONLINE
  • ICZN – L’utilisation ou non des parenthèses au niveau du descripteur n’est pas affectée par la présence d’un nom de sous-genre, ni pas un changement de sous-genre, ni par un changement de rang au niveau de l’espèce, ni par un transfert d’une sous-espèce vers une espèce différente pourvu qu’elle soit dans le même genre [51.3.2]. – Commentaire : En bref la seule situation qui affecte la mise entre parenthèse du descripteur (et de la date) d’un binom est le cas où le genre initial est changé pour un autre (situation décrite plus haut). – Par ailleurs, Le Code prévoit le cas où avant 1961, un descripteur a publié un binom binominal en proposant une alternative au genre (genre sous condition), le fait de changer de genre pour adopter le genre proposé en alternative impose quand même des parenthèses [51.3.3].
    • Dans ses nombreuses descriptions on trouve chez E.de Selys Longchamps, des binomes où le genre est pour lui incertain, ce qu’il marque d’un point d’interrogation. Même si le genre à l’initial est incertain, il convient de mettre des parenthèses si le genre est modifié. On trouve par exemple Enallagma [?] parvum de Selys Longchamps, 1876 qui poursuit sa carrière ainsi : Amphiallagma parvum (de Selys Longchamps, 1876). Par contre je ne connais pas de cas correspondant à la situation exacte décrite ici par Le Code, en odonatologie.
  • ICZN – Le Code prévoit le cas où on désirerait précisé celui qui a changé une combinaison (changement de genre). La recommandation est de procéder en ajoutant hors parenthèses après le binome affecté et son descripteur entre parenthèse, l’auteur du dit changement.
    • Cette pratique n’est pas usuelle en odonatologie, mais ceci reviendrait à dans le cas par exemple de Phasmoneura itatiaiae Santos, 1970 à préciser le nouveau nom ainsi : Forcepsioneura itatiaiae (Santos, 1970) Lencioni, 1999, ce dernier auteur ayant donc proposé le basculement dans un nouveau genre.
      • Santos N.D. 1970 – Phasmoneura itatiaiae sp. n. (Odonata : Protoneuridae). – Atlas Soc. Biol. Rio de J., 13 (1/2) : 25-26.
      • Lencioni F.A. 1999 – The genus Phasmoneura, with description of Forcepsioneura gen. nov. and two new species. – Odonatologica, 28, 127–137. – ONLINE
  • ICZN – Quand c’est nécessaire, un auteur subséquent peut être précisé : Auteur1 sensu Auteur2, 0000 et non directement sous l’Auteur2 (subséquent).
    • Nous avons par exemple Aeshna unguiculata Vander Linden, 1820 sensu Boyer de Fonscolombe, 1838 qui correspond en fait à Onychogomphus uncatus (de Charpentier, 1840), dans la mesure où Boyer de Fonscolombe (1838) a cru avoir sous les yeux l’Aeshna unguiculata de Vander Linden (1820) et qui est désormais interprétée comme Onychomphus forcipatus unguiculatus (Vander Linden, 1820). J’ai présenté cette situation particulière et explicite suivante dans ces pages : Aeshna unguiculata Boyer de Fonscolombe, 1838 (nec Vander Linden, 1820). Il convient de citer ici le cas très particulier d’Agrion viridis Vander Linden, 1820 (nec 1825) correspondant à Lestes barbarus (Fabricius, 1798). Le premier auteur remobilise et réattribue le binom qu’il a lui-même forgé à Agrion viridis Vander Linden, 1825 (nec 1820) conservé désormais pour Chalcolestes viridis Vander Linden, 1825 (nec 1820). Cette situation est unique en odonatologie.
      • Boyer de Fonscolombe M. 1838 – Monographie des Libellulines des environs d’Aix. Deuxième et troisième parties. – Annales de la Société Entomologique de France, 7 : 75-106 + 547-575. – ONLINE
      • Vander Linden P.L. 1820 – Aeshnae Bononienses. – Typographiae Annesii de Nobilibus, Bononiae.
      • de Charpentier T. 1840 – Libellulinae europaeae. – Leopold Voss, Lipsiae. – ONLINE
      • Vander Linden P.L. 1820 – Agriones Bononienses. – Typographiae Annesii de Nobilibus, Bononiae.
      • Fabricius J.C. 1798 – Suplementum entomologiae systemicae. – Proft & Storch, Copenhagen : 582 pp.
      • Vander Linden P.L. 1825 – Monographiae Libellulinarum Europaearum Specimen. – Frank, Bruxellis : 42 pp. – ONLINE
  • ICZN – Si le descripteur n’est pas connu il est précisé sous Anon. ou Anonyme, toutefois si le descripteur est clairement identifié par d’autres moyens que l’article principal il sera mis entre crochets ainsi [Auteur, 0000] [51D].
    • Je ne connais pas de cas de description anonyme en odonatologie, sauf une série issue d’un même article (Anonyme 1898) et dont l’anonymat a pu être levée. Nous avons dans ce contexte par exemple : Crocothemis divisa [Karsch], 1898.
      • Anonyme 1898 – Odonaten von Misahöhe (Landschaft Agome im Togo interlande) gesamelt von Ernst Baumann. – [Odonates de Misahöhe (paysage d’Agome de l’arrière pays du Togo) compilé par Ernst Baumann.] – Entomologische Nachrichten, 24 : 342-347. – ONLINE
  • ICZN – Si la publication sous la direction d’un rédacteur principal (A) contient des descriptions dont il n’est pas responsable, les descripteurs (B) sont précisés ainsi : B in A, 0000 [51E].
    • La situation est par exemple claire par exemple pour Platycnemis subdilatata de Selys Longchamps in Lucas, 1849. Par contre elle mériterait d’être réexaminée pour tous les cas où Hagen est considéré comme descripteur dans un article d’E.de Selys Longchamps style : Lestes auritus Hagen in de Selys Longchamps, 1862. Il conviendrait de vérifier la réalité de descripteur d’Hagen pour bien des exemples.
      • Lucas H. 1849 – Exploration scientifique de l’Algérie. 3e partie + Atlas. – ONLINE
      • de Selys Longchamps E. 1862 – Synopsis des Agrionines, seconde légion : Lestes. – Bulletin de la Classe des Science, Académie Royale de Belgique, 2.
  • ICZN – Si le binom n’est pas disponible ou exclu ceci doit être précisé : exemple : Genus species Auteur, 0000 [nomen nudum], Genus species Auteur, 0000 [publié dans un travail rejeté par la Commission Opinion 000]. Les taxons avec description mais sans nom binominal sont aussi considérés ici.
    • La Cécile [nom vernaculaire publié par Geoffroy, 1762]. Le cas d’Agion vernale Hagen, 1839 (nomen nudum), mérite d’être cité dans la mesure où il a fait carrière jusqu’à ce que Mielewczyck (1974) détecte que ce binom n’avait pas de description ce qui lui vaut l’attribution de Coenagrion lunatum (de Charpentier, 1840) finalement. Notons à cette occasion qu’Hagen a produit énormément de binoms sans description (nomen nudum) en particulier dans l’odonatofaune d’Amérique. Nous avons par ailleurs le cas d’Aeshna javana Lichteinstein, 1796 [travail supprimé de la nomenclature : Opinion 1820], un binom qu’on est bien en mal d’ailleurs d’attribuer à un taxon quelconque.
      • Geoffroy E.L. 1762 – Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris. – Durand, Paris.- ONLINE
      • Hagen H.A. 1839 – Verzeichniss der Libellen Ostpreussens. – Preuss. Provinc. Bl., 21 : 54-58. – ONLINE
      • Mielewczyck S. 1974 – Bemerkungen über die synonymie von Coenagrion lunulatum (Charpentier, 1840) – C.vernale (Hagen, 1839, nomen nudum) (Zygoptera : Coenagrionidae). – Odonatologica, 3 (4) : 267-268.
      • de Charpentier T. 1840 – Libellulinae europaeae. – Leopold Voss, Lipsiae. – ONLINE
      • Lichtenstein A.A. 1796 – Catalogus musei Zoologici ditissimi Hamburgi, d III. Februar 1796, auctionis lege distrahendi. Sectio Tertian. Continens Insecta. – Hamburg, Gottl. Friedr. Schniebes.
      • The Commission 1995 – Opinion 1820. A.A.H. Lichteinstein’s (1796, 1797) Catalogus musei zoologici… Sectio Tertia. Continens Insecta and D.H.Schneider’s (1800) verzeichniss einer Parthei Insecten… : suppressed, with conservation of some Lichtenstein (1796) names (Insecta and Arachnida). – The Bull. of Zoological Nomenclature, ICZN, vol. 52 : 283-285. – ONLINE
  • Libellula quadrimaculata Linnaeus, 1758 désigne une espèce décrite en 1758 par Linnaeus sous le genre Libellula. Le simple nom Libellula quadrimaculata devrait suffire, néanmoins on a des cas ambigus connus d’un même nom attribué (en synonymie) à plusieurs espèces.
  • Chlorogomphus hoaian Phan & Karube, 2022 désigne une espèce décrite en 2022 par deux descripteurs, qui sont eux-même rédacteurs de la publication fondatrice.
  • A partir de trois descripteurs et au-delà la rédaction peut être réduite au simple nom de l’espèce comme Heteragrion calafatiensis ou à la citation du premier descripteur ajouté de la mention et al. : Heteragrion calafatiensis Mendoza-Penagos et al., 2022, mais seulement à partir du moment où l’ensemble des descripteurs sont cités au moins une fois dans le texte ou retrouvés dans la bibliographie : Heteragrion calafatiensis Mendoza-Penagos, Juen & Silva Vilela, 2022 ou par citation de la référence complète : Mendoza-Penagos C.C., Juen L. & Vilela D.S. 2022 – Heteragrion calafatiensis (Odonata: Heteragrionidae) sp. nov. from Northern Brazil. – Zootaxa, 5124 (2) : 223-229.
  • Eleuthemis umbrina Dijkstra & Lempert in Dijkstra, Kipping & Mézière, 2015 désigne une espèce décrite en 2015 par deux descripteurs dont la description se trouve dans un ouvrage publié par plusieurs auteurs (rédacteurs).
  • Calopteryx Leach in Brewster, 1815 (emend. Burmeister, 1839) (Calepteryx) est la manière la plus complète de préciser ce genre décrit par Leach en 1815 dans un ouvrage de Brewster et corrigé (émendation) en 1839 par Burmeister à partir de la version originale Calepteryx. De manière courte ce taxon est bien précisé par Calopteryx Leach in Brewster, 1815.
  • Forcepsioneura itatiaiae (Santos, 1970) Lencioni, 1999 (Phasmoneura) est la manière la plus complète de préciser une espèce décrite en 1970 par Santos dans le genre Phasmoneura et replacée en 1999 par Lencioni dans le genre Forcepsioneura. La version simple est Forcepsioneura itatiaiae (Santos, 1970) qui met en évidence une espèce décrite en 1970 par Santos et qui a été placée dans un genre différent de celui de la description.
  • Aeshna unguiculata Boyer de Fonscolombe, 1838 (nec Vander Linden, 1820) désigne un synonyme décrit par Boyer de Fonscolombe en 1838 sous un nom utilisé par Vander Linden en 1820, mais ne correspond par au même taxon. Une version plus complète pourrait rédigée ainsi Aeshna unguiculata Boyer de Fonscolombe, 1838 (nec Vander Linden, 1820) (syn : Onychogomphus uncatus (de Charpentier, 1840)) car elle permet de préciser le synonyme.
  • Le cas très particulier de Chalcolestes viridis (Vander Linden, 1825 nec 1820) correspond à un taxon précisé en 1825 par Vander Linden qui avait déjà mobilisé ce nom en 1820, mais confondu avec un Lestes barbarus (Fabricius, 1798). En théorie, celui-ci est mal formé, néanmoins l’usage l’a conservé et il est possible de le préciser plus simplement ainsi : Chalcolestes viridis (Vander Linden, 1825).
  • Agrion vernale Hagen, 1839 (nomen nudum) (syn. : Coenagrion lunulatum (de Charpentier, 1840)) Mielewczyck, 1974. Ce binom a été cité par Hagen en 1839 sans description (nomen nudum) révélé comme synonyme de Coenagrion lunulatum par Mielewczyck en 1974. Sa rédaction simple est la suivante : Agrion vernale Hagen, 1839 (nomen nudum).
  • Aeshna javana Lichtenstein, 1796 [non attribué, travail supprimé de la nomenclature : Opinion 1820]. Ce binom avec description de Lichtenstein en 1796 a été supprimé de la nomenclature (Opinion 1820 liées au Code de nomenclature). Il n’est pas attribué à aucun taxon.
  • Libellula coluberculus Harris, 1780 (nomen oblitum) (syn. : Aeshna mixta Latreille, 1805) Latreille, 1805. Ce nom est un nom oublié (nomen oblitum) qui répondait aux critères de disponibilité et de priorité, synonyme d’Aeshna mixta, synonymie donnée par Latreille (1805) lui-même (mais sans citer en fait Harris (1780)). Les auteurs ont exploité finalement Aeshna mixta depuis sa description en 1805, sauf ceux de la littérature russe qui ont reconnus le binom Libellula colubercula notamment sous Aeshna colubercula. Notons que j’avais proposé de classer mixta dans un nouveau genre (qui reste à forger) et de la replacer sous colubercula : Simaeschna colubercula (Harris, 1780) Deliry, 2004 (non publié).
  • Boyer de Fonscolombe M. 1838 – Monographie des Libellulines des environs d’Aix. Deuxième et troisième parties. – Annales de la Société Entomologique de France, 7 : 75-106 + 547-575. – ONLINE
  • Brewster D. (ed.) 1815 – The Edinburgh Encyclopaedia. – Edinburgh, Vol. 9. – [Leach : Odonata : 136-137]. – ONLINE
  • Burmeister H. 1839 – Handbuch der Entomologie. – Enslin, Berlin [Libellulina : 805-862]. – ONLINE
  • de Charpentier T. 1840 – Libellulinae europaeae. – Leopold Voss, Lipsiae. – ONLINE
  • Dijkstra K.D., Kipping J. & Mézière N. 2015 – Sixty new dragonfly and damselfly species from Africa (Odonata). – Odonatologica, 44 (4) : 447-678.
  • Fabricius J.C. 1798 – Suplementum entomologiae systemicae. – Proft & Storch, Copenhagen : 582 pp.
  • Hagen H.A. 1839 – Verzeichniss der Libellen Ostpreussens. – Preuss. Provinc. Bl., 21 : 54-58. – ONLINE
  • Harris M. 1780 – An exposition of English insects. – White & Robson, London. – [Rééd. complète en 1782]. – ONLINE éd. 1782
  • Latreille P.A. 1805 – Histoire naturelle, générale et particulière des Crustacés et des Insectes. Volume 13. – Paris. – ONLINE
  • Lencioni F.A. 1999 – The genus Phasmoneura, with description of Forcepsioneura gen. nov. and two new species. – Odonatologica, 28, 127–137. – ONLINE
  • Linnaeus C. 1758 – Systema naturae. 10e édition. – Holmiae. – [Libellula] PDF
  • Mendoza-Penagos C.C., Juen L. & Vilela D.S. 2022 – Heteragrion calafatiensis (Odonata: Heteragrionidae) sp. nov. from Northern Brazil. – Zootaxa, 5124 (2) : 223-229.
  • Mielewczyck S. 1974 – Bemerkungen über die synonymie von Coenagrion lunulatum (Charpentier, 1840) – C.vernale (Hagen, 1839, nomen nudum) (Zygoptera : Coenagrionidae). – Odonatologica, 3 (4) : 267-268.
  • Phan Q.T. & Karube H. 2022 – Description of two new species of the genus Chlorogomphus Selys, 1854 (Odonata: Chlorogomphidae) and a new record of Chlorogomphus gracilis Wilson & Reels, 2001 from the Central Highlands of Vietnam. – European J. of Taxonomy, 794 : 91-110. – PDF LINK
  • Santos N.D. 1970 – Phasmoneura itatiaiae sp. n. (Odonata : Protoneuridae). – Atlas Soc. Biol. Rio de J., 13 (1/2) : 25-26.
  • Vander Linden P.L. 1820 – Aeshnae Bononienses. – Typographiae Annesii de Nobilibus, Bononiae.
  • Vander Linden P.L. 1820 – Agriones Bononienses. – Typographiae Annesii de Nobilibus, Bononiae.