
Corosif, toxique, mutagène…
Utilisé pour le Téflon par exemple, introduit dans nos cuisines dès 1949 par le groupe DuPont de Nemours
Les produits chimiques de la famille des perfluoroalkylées ou polyfluoroalktlées ou PFAS se caractérisent par des liaison carbone-fluor très stables qui son très peu dégradables une fois dans l’environnement. Les chaînes carbonées les plus longues sont les plus persistantes. On les nomme encore forever chemicals car une fois ces substances d’origine artificielle introduites dans la Nature, elles induisent une pollution, encore certes parfois faible, mais cumulative car ils ne disparaissent pour ainsi dire pas. Or, ils ne sont pas sans conséquences ni sur la qualité des fonctionnements biologiques, ni même sur notre santé. Ils sont répandus par l’Homme depuis les années 1950. Certes l’éternité n’est pas de se monde et à l’échelle des temps géologiques la question de leur persistance se posera, mais le problème est d’abord immédiat, critique, préjudiciable et inquiétant.
Une partie des PFAS se concentre dans les chaînes alimentaires ou les poussières ambiantes. Certains sont très mobiles et contaminent les territoires les plus éloignés des mondes industriels comme les océans Arctiques ou Antarctiques. La consommation humaine des produits de la mer tels celle de crustacés ou de mollusques conduit chacun à accumuler pour toujours quelques PFAS dans son organisme. Il y en a aussi dans l’eau de boisson… dans les poussières de votre bureau et désormais nul n’y échappe complètement. Ces Forever chemicals sont désormais partout sur la Planète et dans tous ses compartiments de surface. Nous sommes pollués pour l’éternité.
En ce qui concerne la santé humaine, vision nombriliste de la question, les PFAS son connus pour provoquer une augmentation du taux de cholestérol, ils sont cancérigènes, ils réduisent la fertilité notamment masculine et perturbent le développement embryonnaire. Certes pas tous au même niveau, mais il y en a tellement de sortes qu’on ne maîtrise pas encore les caractéristiques de chacun.

(©© by – Anonyme – Wikimedia commons)
Antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs, ces Forever chemicals sont largement utilisés depuis les années 1950 dans divers domaines industriels ou pour des produits de consommation courante tels que les textiles, les emballages, les cosmétiques, les produits phytosanitaires et j’en passe. Il y en a plus de 4000 variétés.
La Convention de Stockholm produite en mai 2001, tente de fixer des règles universelles à leur utilisation. Le phénomène est en effet planétaire et touche toute la population. Tout le monde est contaminé. La réglementation associée est en cours de développement selon les nations et une inertie de plus de 20 ans est parfois observée. En Europe par exemple les principales directives sur le sujet datent de 2020 et une restriction significative n’est pour l’instant portée que par quelques pays : la Suède, la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas et l’Allemagne. On n’a pas même terminé de dresser la liste correcte de leur utilisation. Nous en sommes encore à l’observation et au recensement de leur usage, des sources principales de concentration, de leur impact sur l’environnement et la santé humaine par exemple, à étudier les casseroles afin de savoir si notre cuisine est exempte, à identifier leur présence et leur concentration dans les eaux de consommation. La qualité de ces études préliminaires est qu’elles sont le plus souvent internationales et que l’impact sans frontières de Forever chemicals est une notion bien comprise. L’autre qualité est que dans la mesure où ces produits sont pour ainsi dire éternels, leur taux va aller sans cesse augmentant si on ne les abandonne pas : ces concentrations supérieures rendront plus évidentes et claires les conséquences qu’ils peuvent avoir. Mais est-ce une bonne chose ?
Nous allons devoir évidemment agir aussi (et enfin) et dans le contexte présent déterminer les meilleures solutions pour vivre dans un environnement pollué pour l’éternité par les Forevers chemicals, ce, de manière concrète et adaptée.
«Beaucoup d’études scientifiques démontrent des impacts sur la santé très importants : du cancer à l’infertilité, en passant par le cholestérol, rappelle Nicolas Thierry. [L’avocat américain et figure du combat contre les Pfas] Robert Bilott l’affirme, aux Etats-Unis, ils sont responsables de millions de morts depuis des décennies.» – Extrait de l’article de Garcia (2023).
Première rédaction le 13 janvier 2023, complété le 3 juillet 2023 – C.Deliry
- Anses 2022 – PFAS : des substances chimiques dans le collimateur. – Site Internet Anses, en ligne, 12 mai 2022 – ONLINE
- Amivi O. & al. 2019 – Imprégnation de la population française par les composés perfluorés. – Programme national de biosurveillance, Esteban 2014-2016, Santé publique France, septembre 2019 : 58 pp.
- Garcia S. 2023 – Polluants éternels Pfas : « On est probablement face à un des pires scandales sanitaires ». – Libération, 28 juin 2023
- Mandard S. 2023 – En France, la contamination des eaux de surface par les PFAS, « polluants éternels », est « largement sous-estimée », selon une association.– Le Monde, 12 janvier 2023.
- Site Internet > Stockholm convention, protection human health and the environment from persistent organic pollutants – ONLINE