Récolter avec la Grande faucheuse, semer la mort avec le Glyphosate

Le Glyphosate, tout le monde en parle encore de son vivant… il s’agit d’une substance chimique autrice d’herbicides volontaires et d’homicides par dérive environnementale.

Modèle moléculaire du Glyphosate (C3H8NO5P)

Cette molécule tueuse de formule C3H8NO5P semble inoffensive tant elle paraît simple, c’est là son meilleur atout. En effet, elle se fond dans la masse de nos molécules et agit tel un cheval de Troie sur ses cibles annoncées que certains appellent mauvaises herbes. Elle s’insinue par les feuilles pour lesquelles, il s’agit d’une friandise enrobée d’autres composés pour en faciliter la pénétration dans le futur cadavre végétal. Elle se fond parmi les produits de la photosynthèse dans la sève élaborée et diffuse dans toute la plante sans omettre une cellule depuis les bourgeons aux fleurs, racines et tubercules. Et c’est alors que l’art meurtrier fait son affaire car C3H8NO5P bloque le fonctionnement de l’enzyme EPSPS dont la fonction est simple : fabriquer certains acides aminés. Or, les protéines de la plante ont besoin de tous les acides aminés nécessaires à leur fabrication. Il y en a obligatoirement une vingtaine et s’il n’en manque qu’un seul dans la panoplie moléculaire, il manque une pièce dans la chaîne des acides aminés. Alors, les protéines ne peuvent être fabriquées correctement, un peu comme un collier dont il manquerait certaines perles nécessaires : le collier ne se constitue pas… il ne peut se fermer, se former, fonctionner… ici ce sont plusieurs perles différentes qui vont manquer. Plus aucune protéine ou presque ne peut se former. C’est une mort rapide et assurée… plus aucune enzyme ne se forme, plus rien ne peut fonctionner de manière pour ainsi dire instantanée. Cette mort subite du végétal est un herbicide volontaire mais est probablement une cause d’homicides par dérive environnementale.

Ce dont on est certain… mais est-ce qu’on doit s’inquiéter ?
©© byncsa – 苦勞網 – Flickr

Chacun le connaît sous le nom de Roundup, un élixir du crime, produit par Monsanto et commercialisé dès les années 1970. Chacun y est allé de son petit herbicide dans son jardin… tuant fleurs et les papillons qui n’ont plus rien à butiner. En France on l’a interdit au commun des mortels, mais les agriculteurs l’utilisent de manière massive avant ou après les récoltes afin de nettoyer les terres des herbes vicieuses. Aux États-Unis, on a produit des organismes génétiquement modifiés qui résistent au Glyphosate. Ainsi ces OGM, Maïs ou Soja, sont semés et se développent en royauté alors que les petites herbes sont tuées au Glyphosate. La quantité de Glyphosate utilisé aux États-Unis a été multiplié par cinq depuis l’an 2000.

Adonis d’automne (Adonis annua) – Une très belle mauvaise herbe, non encore résistante au Glyphosate
©© bysa – Krzysztof Ziarnek – Wikimedia commons

En 2015, le Centre International de Recherche sur le Cancer (Organisation Mondiale de la Santé), classe le Glyphosate comme un cancérogène probable… et là c’est l’humanité, agriculteurs en première ligne, qui est concernée. On entend bien dans le mot probable, une hésitation faible toutefois et auquel s’appose normalement le principe de précaution. Aux États-Unis, chacun est impliqué par la possibilité de manger du maïs ou du soja, résistant et chargé de la molécule aux dimensions apparemment inoffensive et sournoise.

Précautions officielles vis à vis du Glyphosate timésium, du moins en principe ! Le Le Xn de Nocif masque le risque de cancer, de mutations et la toxicité.

La France sera-elle pour nous autoriser à vivre ou à mourrir… le cancer se soigne de mieux en mieux, on devrait survivre non ? Let live and let die sera-il un remake du 007, une mission possible pour les cancérologues.

La Résistance s’organise car en 1995 avec Lolium rigidum apparaissait la première indésirable à résister au Glyphosate… on en connaissait une trentaine au milieu des années 2010, près d’une dizaine de nouvelles espèces sauvages résistantes par décennie… on devrait en avoir désormais près d’une cinquantaine. La Biosphère vaincra… sans nous peut-être !